"True detective" ne sera finalement pas une série, mais un film de huit heures.
L’idée de base était plus que louable et pouvait donner naissance à d’excellentes choses. Elle a donné naissance à une excellente chose. Une chose presque parfaite. Une saison 1 qui peut, sans trop s’avancer, être rebaptisée "la seule saison qui mérite d’être vue". Evidemment, ils avaient placé la barre très haut. Atteindre une telle intensité dans le récit, la réalisation et le jeu des acteurs n’est pas une performance courante. Pour les saisons suivantes, ils ont fait ce que n’importe qui aurait fait à leur place : soit proposer quelque chose de totalement différent, soit quelque chose de très semblable en sachant d’avance de ne jamais arriver à la cheville de l’original.
La saison 2 a proposé autre chose, mais s’est malheureusement planté. La saison 3, elle… a Mahershala Ali. Avec ce nom, on sait que l’on va voir quelque chose de puissant et de masculin. Un apaisement musclé, une ironie tragique.
Cette saison 3 en elle-même n’est pas mauvaise, mais elle tente tellement de ressembler à la saison 1 qu’elle en devient embarrassante à certains moments. La scène clé est quand il est directement fait référence aux évènements de cette dernière, avec les photos de Matthew et de Woody en gros plan. A l’heure où l’on ne parle plus qu’en termes de cross-overs, reboots, franchises et univers connectés, c’est un énorme et incontrôlable « pfff… » que l’on entend sortir de notre bouche. La saison 3 offre (presque) tout ce que proposait la saison 1, mais en moins bien. Tout y est. Les différentes timelines, sauf qu’ici on en a 3, voire 4, et l’on se repère dans le temps grâce à la coupe de cheveux des acteurs. On a le lieu des opérations dans un endroit glauque, sale et oublié des Etats-Unis, des partenaires aux vies très différentes qui s’apprécient mais ne parviennent pas à s’entendre, une affaire sans conclusion, des puissants intouchables, beaucoup d’alcool et de cigarettes. Et pour finir, ils racontent une histoire inutilement compliquée à l’issue décevante, là où la première saison avait su rester concise et offrir un final grandiose et inattendu.
A la fin du dernière épisode, on n’a qu’une seule envie : revoir la saison 1, et trouver de nouvelles raisons de l’adorer.