... de la modernité méconnue.
2009 et sa culture "vaporeuse" pour reprendre approximativement l'expression de Moore. Par ce terme, le scénariste observe une transformation de la culture au fil du siècle dernier ant d'une forme de fluidité, d'uniformité pertinente, à une déstructuration, un éparpillement d'embruns isolés voués à la disparition.
Telle était la thèse de départ qu'il appartient à chacun de défendre ou de réfuter.
Si l'on procède pourtant au relevé des arguments du scénariste dans ce dernier chapitre, la déception est de taille. et pour cause, ceux-ci sont tout simplement inexistants.
Si la révolution culturelle a bien eu lieu dans cet univers uchronique en 1969, il semble qu'aucune conséquence directe et cohérente ne se manifeste dans cet ultime chapitre : plus de malfrats, aucun retour cohérent à la lignée Nemo...
Que retenir donc du discours adopté? Rien, mis à part que Moore à rater le train de ce dernier millénaire pour se cloîtrer dans une gare triste et mélancolique.
Relevé des personnages modernes présent dans 2009 et dont l'importance narrative paraît un minimum conséquente : Malcom Tucker (the sick of it : belle découverte cependant) et Harry Potter.
Pour le reste, on assiste à la décrépitude d'anciens héros du siècle dernier ou à des emplois anachroniques.
Quelle déception!
M est une Emma Peel vieillissante, le soldat en Irak que rencontre Orlando est un immortel inventé dans les années 60-70, les références musicales ne déent pas l'électro des années 90, le chanteur-narrateur semble une référence à Ziggy Stardust (encore les années 70), comme si Moore ne pouvait s'empêcher de nous faire ressentir ses regrets d'une époque révolue.
S'en laisse ressentir l'approximation ambiante d'un discours imprécis sur une époque méconnue.
Adieu les continuités thématiques des deux derniers chapitres, à la place, Moore vomit sa haine contre les deux grandes icônes britanniques : Bond et Potter.
Mais même si l'on peut se délecter de ces satires jouissives, le traitement n'est pas cohérent.
Pourquoi Potter en 2009 serait-il plus apte à personnifier la platitude des nouveaux symboles populaires, cet antichrist tant annoncé, plutôt que Bond en 52, déjà pourtant victime d'une relecture assassine dans le Black Dossier ?
Encore une fois, aucune réponse tangible dans ce 2009.
On retiendra donc seulement un ludisme savoureux de bon aloi, une aisance dans certaines réécritures, une faculté narratice indéniable et un bel hommage final à un héroïsme que l'on affirme cependant éteint....
La conclusion de la réécriture du mythe de Bond qui permet de prendre en compte les remakes est réjouissante, la transformation d'Orlando dée les attentes, le deux ex machina de l'opera de quat'sous est exceptionnelle.
Mais encore une fois, le traitement de cette dernière oeuvre dans 2009 n'est pas cohérente et relève même du contre-sens dans le choix de certaines chansons puisque le ton cynique de la romance "no they can't" est étonnamment remplacé par un sentimentalisme mièvre.
Bref, un chapitre en dessous des attentes suscités mais qui réserve tout de même de belle surprise.
O' Neill poursuit quand à lui sa voie merveilleuse et offre une vision apocalyptique de Poudlard époustouflante, ainsi qu'une belle mort colorée à ce cul béni de sorcier pré-pubère.
Un chapitre plus cathartique que théorique qui conclue inégalement ce cycle de la ligue.