Je resterai volontairement flou quant au contenu de l’album, non parce qu’il y aurait quelque chose à divulgâcher, mais parce sans être un chef-d’œuvre, À crocs et à sang est un peu plus que des dessins dans des cases auxquels on a ajouté des bulles et du texte.
Une bande dessinée – pour la jeunesse ou non – ne devrait peut-être pas être autre chose que cela, comme un roman – « graphique » ou non – : une histoire, racontée d’un certain point de vue si possible aussi intéressant qu’elle. Parce que oui, les dessins sont chouettes, la mise en couleur est remarquable, le scénario a fait ses preuves et l’album compte une bonne demi-douzaine de doubles pages à montrer comme modèles de composition, mais il me semble qu’À crocs et à sang, comme d’ailleurs les deux autres Jim Hawkins, montre mieux.
Je ne suis pas spécialiste, il me semble qu’on publie peu d’albums de bande dessinée d’aventures qui ne donnent pas l’impression d’avoir été faits par un ordinateur. Or, À crocs et à sang a tout d’un travail personnel. Si j’ai tout compris, il a fallu huit ans à Sébastien Vastra pour aboutir à ces trois tomes, et ça se voit. Il faudrait être aveugle ou pressé pour ne pas voir qu’au-delà de la technique et des choix esthétiques – qui peuvent par ailleurs être discutables –, cet album-là s’appuie sur une appropriation qui dée l’idée de donner des traits d’animaux aux pirates de Stevenson.