Histoire un peu particulière que j'entretiens avec ce Fléau.
Le livre, je l'avais aperçu il y a fort longtemps dans une bibliothèque familiale et le pitch me faisait envie, furieusement envie, ça devait être un truc genre il y a 10 ans et des brouettes. Seulement je n'avais pas le goût de la lecture à cette époque et puis 1000 pages, mon dieu, 1000 pages.
Et un beau jour en perdition dans le rayon BD de la Fnac, la sortie de la version comics du roman que j'ai envie de lire depuis si longtemps. La cover du tome 1 en jette, les dessins ont l'air honnête, ça vaut le coup d'essayer. Au bout de 4 tomes j'abandonne, déjà parce que je ne savais pas combien de numéros ils resteraient à lire, et donc combien cela me couterait avant qu'ils nous annoncent des promos sur la série complète ou autres. C'était il y a 5 ans. Depuis j'ai lu la Tour Sombre, dont je suis tombé amoureux (les fiançailles auront lieu en Juin, grand merci beaucoup-beaucoup), je me décide donc enfin à acheté les deux tomes en livre du Fléau et heureux coup du sort, j'hérite à Noël de tout les albums restants de la version comics.
En suit donc alors une lecture parallèle assez bizarre, où les défauts de l'adaptation imagée sautent encore plus aux yeux. Car même si j'ai commencé le comics avant, j’expérimente pour la première fois le age d'un livre à un autre et effectivement ouais, c'est sale.
Ce que j'ai compris avec les deux versions, et plus encore avec l'adaptation A VOMIR en téléfilm, c'est que le Fléau reste profondément ancrée dans les années 90 (voir 80). Loin de vouloir être un visionnaire/futuriste, King nous livre un tableau mélancolique et naïf des États Unis à une période encore douce et loin de la période post 11 Septembre. En cela, le classicisme dont fait preuve Mike Perkins a du sens. Un dessin presque un peu vieillot avec des poses dignes d'un roman photo, des effets fantastiques qui savent se faire discret et tout le monde il est beau.
Mais si on l'on era sur des changements purement esthétiques (King décrit pourtant plutôt assez souvent les têtes et accoutrement de ses personnages favoris) qui cherchent à justifier une adaptation qui ne se justifie pas uniquement par le fric (c'est pourtant le cas), des ages sous silences de certains scènes "crues" gênent un peu. Il est clair que Marvel a commandé une version édulcorée du roman, et si on peut ettre que l’entièreté du script n'était pas adaptable, on regrettera tout autant voir plus, des scènes sacrifiées sur l'autel de la censure, pour un roman de base qui ne mise pas tout sur son gore (et ses quelques scènes de sexe), loin de là, mais qui s'appuie dessus pour offrir au lecteur une expérience entière et stimulante.
Le pavé de Stephen King n'est pas exempt de défaut et cette version allégée fait parfois du bien, mais dans le vaste flot d'histoires entrecroisées qu'est la version longue de The Stand, les personnages ont du relief, les anecdotes se justifient souvent, et les actes des personnages tout au long de l'intrigues trouvent un écho dans leur é, sans cesse ressasser, qui revient toujours leur éclater à la figure. L'épilogue, et sa phrase finale (qui ne manqueront pas de rappeler la Tour Sombre comme d'ailleurs pas mal d'éléments du final, la neige, le binôme, le bébé toussa toussa) sont bien plus percutants dans la version livre puisqu'il intervient après un long, très long voyage dans la psyché de nombreux personnages en perdition.
Le comics quand à lui se centre plus sur l'aventure (très inégale au demeurant) et s'offre donc de sacrés ages à vide, puis met encore plus en valeur avec son dernier tome, une fin paradoxalement bâclée et très poussive.
A force d'évoluer dans les tomes, une lassitude intervient dans le dessin qui pouvait très bien s'apprécier pour des débuts assez psychologique mais qui n'a plus sa place dans un intrigue glissant vers le fantastique au fur et à mesure.
J'ai eu d'autant plus mal qu'en découvrant à partir du tome 7 les magnifiques covers de Tomm Coker dans un style qui aurait probablement mieux convenu à l'ensemble des pages.
On est loin de la déception du téléfilm qui laisse craindre le pire pour les futurs films (si il y en a un jour), laissant penser que ce format ne sera peut être jamais le bon pour des grandes sagas comme Le Fléau ou La Tour Sombre. Cependant, Mike Perkins et Roberto Aguirre-Sacasa accumulent les erreurs de parcours et même si l'histoire subit un régime drastique, il faudra s'accrocher pour venir à bout des 12 tomes qui manquent parfois de ion et ne prennent aucune liberté plus démente que changer une chemise rouge en une chemise grise.