Satané continuité!
Slott est un amoureux des comics, cela se ressent dans ce gros récit sur une heroine que je connaissais mal et que j'ai appris à connaître ici: Miss Hulk. En 12 numéros, Slott a raconté beaucoup de...
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le 24 août 2017
Même si l’effet de mode Marvel s’est estompé, ses productions au cinéma et à la télévision restent surveillées, chaque nouvelle sortie étant analysée et décortiquée, chaque information ou rumeur étant diffusée et relayée sur les réseaux sociaux ou différents sites. Et on ne peut pas dire que Marvel ne se repose que sur ses têtes d’affiche, mais désire développer ses adaptations en piochant dans les milliers d’histoires qu’elle a édité au cours de sa longue existence.
Des histoires que pas grand monde ne prend la peine de découvrir alors qu’elles offrent pour certaines des aventures bien meilleures que celles proposées sur les écrans. Avec peut-être un vieux relent de mépris pour la bande-dessinée alors que les versions cinéma ou télévisuelles ne sont parfois pas plus intelligentes.
Mais cela permet à quelques bonnes histoires d’être réeditées au fil des sorties ou des nouveaux personnages introduits sur les écrans. Avec l’arrivée de la série She-Hulk en 2022 Panini Comics a eu l’excellente idée de ressortir quelques séries éponymes et réussies, à l’image de celle de John Byrne (1989-1994) et surtout de la première par Dan Slott de 2004-2005.
Et tant pis si cette série télévisuelle est décriée. Lisez les comics.
Ces douze numéros avaient été édités une première fois en décembre 2005 chez nous, mais cette nouvelle édition propose 5 épisodes inédits. Je n’en ferai pas mention car j’ai relu avec grand plaisir la première édition, proposée dans la collection « Marvel Monster Edition » et son papier buvard qui absorbe un peu trop les dessins et les couleurs. Privilégiez donc la version de 2022, vous y gagnez.
Cette reprise en main de l’Hulkette est signée de la main de Dan Slott, un auteur principalement connu pour ses séries drôles et sans prétentions mais avec quelques idées fortes, qui l’a mené en toute logique à présider aux aventures de Spider-Man pendant près de 10 ans, une belle réussite.
Pour sa « Miss Hulk » (ne m’en veuillez pas d’utiliser son nom jusqu’ici employé en français, chuis vieux) Dan Slott propose une série qui tient plus d’Ally McBeal que d’une Xéna la guerrière à la peau verte. Soit une trame entre série justicière et comique qui va utiliser l’univers Marvel d’un point de vue juridique plutôt que de chercher à sauver le monde d’une nouvelle menace. Jen Walters intègre ainsi un nouveau cabinet d’avocats, Goodman, Lieber, Kurtzberg & Holliway (GLK&H), spécialisé dans les affaires des « spéciaux » et ce sont ses capacités professionnelles qui sont exigées plus que sa transformation en géante verte, bien qu’elle ne soit jamais loin au fil des pages.
Miss Hulk a d’ailleurs du mal à s’accepter dans sa condition d’humaine, qu’elle juge faible et fragile, alors qu’en géante verte elle retrouve une confiance en elle mais qui peut lui jouer des tours. La série jongle donc avec les problèmes de confiance personnelle de Jen Walters/Miss Hulk, et de qui elle veut être : une avocate reconnue ou une super-héroïne délurée, ou peut-être des deux. L’angle est intéressant, même s’il se délitera un peu dans la deuxième moitié.
Pour cette nouvelle série Dan Slott crée de nouveaux personnages, formant une nouvelle assemblée de personnages secondaires qui sont là comme appui de la grande verte, en révélant ses qualités ou ses faiblesses. Un nouveau petit monde bien sympathique se découvre, où le cabinet d’avocats est professionnel mais pas si sérieux, avec quelques personnalités bien vives et qui alimenteront la série comme un bon feuilleton.
Un autre des atouts de ce nouveau cadre professionnel pour l’héroïne est bien sur son intégration à l’univers Marvel, pour en dévoiler de nouveaux aspects rarement présentés. Il y a peu d’histoires à suivre et quand elles le sont elles ne vont guère plus loin que deux ou trois numéros. Beaucoup des sujets sont auto-contenus dans un seul épisode, exploités dans le juste respect des pages et sans nécessité de s’étendre inutilement, merci. Les premières histoires sont celles les plus indépendantes avec quelques personnages crées pour l’occasion mais font aussi partie des meilleures : à l’image de ce super-héros qui ne voulait pas en devenir un ou de ce fantôme amené à témoigner au procès de son meurtre. Ce sont des histories simples et amusantes, mais aussi touchantes.
La série s’intégrera un peu plus au petit monde Marvel par la suite, avec quelques belles réussites. Le procès pour calomnie entre Spider-Man et J. Jonah Jameson, rédacteur en chef du Daily Bugle, est assez croustillant. L’astuce pour légitimer certains arguments lors des procès avec les comics est ingénieuse, de même que d’autres détails qui prouvent que Dan Slott connaît bien l’univers Marvel et sait jouer de ses particularités voire de ses clichés. Mais il doit aussi faire avec l’emploi du personnage dans la série Avengers de l’époque, devant gérer certaines conséquences un peu plus éloignées du ton de sa série.
Deux dessinateurs se partagent les rênes de la série pour des résultats bien différents et qui vont de pair avec l’ambiance du ton, entre récit plus humain et histoire plus super-héroïque. L’argentin Juan Bobillo, déjà connu chez nous avec plusieurs séries écrites par Carlos Trillo, offre la plus singulière des prestations, avec son trait plus fin, plus proche de la bande dessinée indépendante, et tout à fait à l’aise dans la peinture des personnalités ici présentes. Paul Pelletier quant à lui est plus classique, plus à l’aise avec les codes super-héroïques, et notamment les scènes de bagarre, de quoi mieux correspondre aux attentes du public américain mais à qui il manque un peu de personnalité. On a vu des séries tout aussi réussies devoir faire avec des artistes moins talentueux, mais difficile de ne pas avoir voulu un peu plus de Juan Bobillo.
Il faut ajouter que Miss Hulk fit partie d’une nouvelle fournée de titres Marvel en 2004 dont peu connurent le succès public : Captain America and The Falcon, Alpha Flight, Excalibur (vol.3), Iron Fist (vol.4), New X-Men (vol. 2), District X avec parfois quelques exceptions, au moins d’estime à l’image de The Pulse, Marvel Knights : Spider-Man ou Astonishing X-Men. La série de Dan Slott s’est donc adaptée pour devenir plus attractive, s’intégrant mieux à l’univers Marvel et en s’orientant un peu plus vers un super-héroisme plus affiché, mais sans sacrifier totalement son contexte de fonds. La série s’est arrêtée avec le numéro 12, dans le spectaculaire un peu vain, mais a pu reprendre avec une nouvelle numérotation avec toujours Dan Slott aux commandes. Celle-ci, longtemps inédite, a enfin été éditée chez nous en 2024.
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