Les éditions Paquet aiment les avions, or j’aime les avions, je scrute donc avec attention leur programmation qui alterne des productions franco-belges, les mangas de l’excellent Seiho Takinawa et, depuis peu, un jeune auteur hongrois.
L’année dernière, dans le très original The old Tiger, Gyula Pozsgay nous immergeait dans une rude mission aérienne vécue par son propre grand-père. Le scénario du Young Lion est plus classique : entre deux missions, deux authentiques as hongrois se remémorent leurs meilleurs souvenirs : le premier combat, le premier doublé, la première blessure ou un sauvetage mouvementé derrière les lignes ennemis. Les deux amis se livrent sans fard, exprimant leurs inquiétudes face à la disproportion croissante des forces alors qu’ils se targuent de lutter pour la « Grande Hongrie », une idée dangereuse.
Avec ses cadrages inventifs, ses prises de vitesse, ses avions qui jaillissent hors de leur cadre, le travail particulièrement réaliste de Pozsgay est fort beau. L’effort de reconstitution est manifeste, les appareils, les véhicules ou la steppe saisie sous la neige sont criant de vérité. L’ensemble est peut-être trop beau. Alors qu’il sublime les boules de feu jaune orangé, notamment dans la très belle couverture, il est bon de se souvenir qu’en écrivant dans le ciel ces douces et fugaces paraboles noires, les pilotes meurent brulés vifs. À la veille de sa mort, László Molnár, surnommé le « Lion », était le plus grand as hongrois. Ses traits juvéniles nous rappellent que ce « vieux guerrier » n’étais alors âgé que de 23 ans. La guerre tue.