Ballerina... pardon... si on est plus précis : De l'univers John Wick : Ballerina... oui, parce que Hollywood, depuis un certain temps, n'étouffe pas sous les gros succès commerciaux. En conséquence, il faut bien mettre en avant que ce film est un spin-off de l'univers John Wick, franchise qui a apporté énormément de pognon... Euh, je reprends : Ballerina... euh, comment dire ?... Je vous autorise à me jeter l'opprobre, car je n'ai jamais visionné un seul John Wick.
Donc, pourquoi ai-je regardé ce Ballerina sans être é par la case John Wick ? Ben, j'ai une justification purement intellectuelle pour m'expliquer : je suis un pauvre hétéro bien moyen.
Pour moi, j'ai l'impression que ce film — outre, évidemment, l'objectif noble de se faire le plus de thunasse possible — a pour raison d'être d'apparaître comme un lot de consolation, par rapport au fait que le mémorable age avec Paloma dans le dernier James Bond en date, No Time to Die, ne dure que quelques minutes — les seules réussies de cette nullité. Et comme Paloma, incarnée par la sublime et charismatique Ana de Armas, défonce tout — au sens propre comme au sens figuré — lors de son trop bref age, là, on offre à l'actrice le rôle principal d'une fille badass, qui ratatine à la chaîne beaucoup de méchants.
Oui, parce que, pour résumer : Ballerina, c'est juste un enchaînement d'affrontements physiques. Il n’y a que les lieux et les armes qui changent constamment (si on ne les remplace pas carrément avec des objets ayant habituellement une autre fonction que celle de trucider son prochain... on prend tout ce qui e sous la main !), pour que ça ne paraisse pas trop répétitif. Ce n'est pas la peine de chercher de la profondeur psychologique ou thématique, des relations entre les personnages bien creusées, voire des personnages bien creusés tout court ou servant même à quelque chose. Ce n'est pas la peine d'essayer de trouver de l'originalité dans le déroulement du scénario. Tous les schémas narratifs employés ici ont déjà été utilisés et réutilisés dans une quantité phénoménale d'autres films de vengeance.
Bref, c'est le truc bien bourrin, et qui s'assume pleinement ainsi. Vous éteignez votre cerveau. Ne cherchez surtout pas à réfléchir, notamment en relevant les dix mille invraisemblances à la minute. Sinon, votre boîte crânienne va surchauffer. L'histoire : c'est une meuf ultra-sexy qui accumule quasi toute seule les cadavres sur son chemin, point barre (oui, quasi — je ne pense pas que je vais vous balancer un spoiler supra-imprévisible de ouf incroyable, en révélant que Johnny donne un petit coup de main pas négligeable, quand il est dans le coin !).
Tout se e de nuit, avec si possible de la flotte sur la chaussée, car c'est plus facile, pour le directeur photo, d'éclairer avec des flaques d'eau un peu partout. Dans les décors, la gamme de couleurs comprend du noir, du gris, du marron, quelquefois une petite touche de blanc, et... c'est tout.
Ouais, bon alors, tout est à jeter ? Ben non. Premièrement, Ana de Armas a tout ce qu'il faut pour porter sur ses épaules un long-métrage avec un budget important. Deuxièmement, les scènes de bagarre sont assez bien mises en scène. Le découpage technique est toujours lisible (ce qui est loin d'être le cas de toutes les séquences d'action dans le cinéma d'aujourd'hui !). Bon, on ne manque pas de se demander assez régulièrement pourquoi tel antagoniste e à côté de l'occasion de buter la vengeresse (par exemple en tirant avec son flingue, au lieu de faire montre de ses capacités chorégraphiques !), avant de se dire qu'il faut bien qu'elle tienne jusqu'au bout, et qu'il ne faut pas se priver d'une potentielle suite, si jamais les dollars venaient à s'entasser généreusement dans le tiroir-caisse. Troisièmement, on ne s'emmerde pas. Le rythme ne laisse pas la plus petite seconde à l'ennui.
Alors voilà : Ballerina, c’est objectivement un film profondément con. On ne va pas se mentir. Il n'y a pas d’ambition artistique, pas d’idée neuve, pas même un effort pour faire semblant d’avoir autre chose à offrir que de la baston chorégraphiée et des lumières qui reflètent dans la nuit. Et pourtant... ben, on ne e pas un mauvais moment. C’est con, mais pas chiant. C’est creux, mais rythmé. C’est bête, mais pas désagréable à regarder (en bonne partie grâce à Ana de Armas !). Bref, c’est le genre de film à la fin duquel on sort du ciné en se disant "c'était débile, mais c'était bon !", tout en ettant qu’on n’a pas vu le temps er. Je confesse que ça a été pour moi un petit plaisir coupable.