Spin-off qui fait honneur.

On ne donnait pas cher de ce « Ballerina ». Pour rappel, le film a subi de gros retards de production, des projections test peu concluantes, des reshoots pilotés par le réalisateur de la saga mère « John Wick » (Chad Stahelski) et un report de sortie d’un an. En général, ce genre de choses houleuses n’est pas bon signe et aboutit à des films, au mieux, tout juste corrects ou, au pire, à des productions mutilées et complètement ratées pour tout spectateur un tant soit peu exigeant. Ici, les bons choix pour rafistoler ce qui semblait ne pas aller ont été opérés et la greffe a pris car c’est une réussite. Attention, on ne crie pas au chef-d’œuvre ni à un monument incontournable du genre mais c’est un bon film d’action qui fait honneur en tant que spin-off a l’univers initié par « John Wick » et ses suites. Tout comme l’était l’excellente surprise d’un autre dérivé : le prequel en forme de série intitulé « Le Continental ».

L’histoire fait du sens puisqu’elle reprend l’école de danse vue dans le troisième épisode de « John Wick » où sont formés les tueurs et que l’intrigue se déroule durant ledit épisode permettant de faire revenir Keanu Reeves dans son rôle culte (parmi tant d’autres si on ajoute ceux dans « Matrix », « Speed », etc). Et pas juste pour un clin d’œil en forme de fan service marketing mais pas non plus trop longtemps, de manière à laisser Eve Macacro, notre nouvelle héroïne, disposer de son terrain de jeu et avoir toute la place qu’elle mérite. Pour l’incarner, Ana De Armas était le choix parfait et elle fait honneur dans la peau de cette nouvelle action woman. Frêle mais énergique, charmeuse mais touchante, elle confirme tout le bien que l’on pensait d’elle et de ses capacités acrobatiques déjà aperçues dans le dernier James Bond, où elle volait la vedette le temps d’une scène mémorable.

On ne va pas mentir, le talon d’Achille de ce film dérivé au féminin est sans conteste son script. Cohérent et captivant mais totalement basique, il ne risque pas de rester dans les mémoires pour être un modèle d’écriture ou d’innovation narrative. On est dans un banal film de vengeance avec un petit rebondissement bienvenu et étonnant mais ça a le mérite de parfaitement s’insérer dans l’univers de John Wick, du Continental, de la Ruska Roma et de toute la mythologie fascinante initiée par la saga mère. On adore les clins d’œil, les apparitions de personnages appréciés (de Ian McShane à Anjelica Huston) et la manière dont « Ballerina » élargit encore l’horizon de ce monde de tueurs implacables.

Le film dure plus de deux heures qu’on ne voit absolument pas er et qui nous balade de New York à Prague en ant par un village tyrolien enneigé. Ce dernier est clairement la bonne trouvaille du film! Un petit bourg où tout le monde est tueur, du restaurateur au policier en ant par le boucher. Une idée qui aurait pu être ridicule voire drôle dans une comédie d’action et qui est ici parfaitement employée et autorise une belle dose d’originalité au film. Les séquences d’action sont brutales, spectaculaires, innovantes (oui, on peut quand même encore y parvenir) et fidèles à celles mettant en scène Keanu Reeves. Les chorégraphies sont lisibles et on adore la variété des mises à morts et des outils qui sont employés avec un final au lance-flammes qui restera dans les annales.

Sans conteste, « Ballerina » peut se targuer de figurer au panthéon des bons films d’action au féminin aux côtés de « Atomic Blonde » (déjà de Chad Stahelski) ou « Colombiana ». Et on apprécie que le long-métrage prenne plus la voie des premiers épisodes de « John Wick », moins dans l’excès et un peu plus réalistes, que des derniers qui versaient dans l’abus et un héros quasi christique. Voilà donc une bonne surprise et un bon divertissement spectaculaire et musclé qui ne trahit jamais sa gestation difficile.

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