Une abominable marâtre nourrit des ressentiments envers la vénusté de Blanche Neige qui trouvera refuge chez des êtres magiques pour éviter d’être tuée.
Ce long-métrage, très attendu et farouchement débattu, de Blanche-Neige, se dresse comme un projet ambigu, oscillant perpétuellement entre des instants de grâce éphémère et des choix narratifs éminemment discutables. Il est une œuvre qui, loin de la catastrophe annoncée par ses plus fervents détracteurs, ne s'élève pourtant que rarement à la hauteur des espérances les plus enthousiastes.
Des choix délibérés, des nuances nécessaires
Point n'est besoin de m'attarder longuement sur les périlleuses polémiques qui ont émaillé la production de cette adaptation. Si je conçois pleinement l'argument des puristes, arguant que le conte originel des frères Grimm dépeint une héroïne à la carnation immaculée comme la neige fraîchement tombée, mon esprit, imperméable aux préjugés chromatiques, n'a été aucunement dérangé par l'ascendance latine de l'actrice principale. Le talent de l'interprète s'impose avec une aisance indéniable, balayant d'un revers de main les considérations épidermiques. En revanche, je res sans réserve l'indignation de Peter Dinklage : le manque d'opportunités offertes à des acteurs atteints de nanisme pour incarner les compagnons de la protagoniste est un manque criant de discernement et une occasion manquée de célébrer la diversité sous ses multiples formes. J'ai d'ailleurs ressenti un profond malaise en ayant à évoquer des "créatures magiques" au lieu de nommer ces personnages par leur appellation traditionnelle.
Lumières et ombres d'une réinvention
L'une des intentions les plus louables du métrage réside sans conteste dans sa volonté de présenter une héroïne plus autonome et proactive. Plutôt que de cantonner Blanche-Neige au rôle traditionnel de la princesse attendant le prince salvateur, cette nouvelle itération s'ingénie à esquisser une figure plus forte, plus indépendante et plus résolue. L'accent judicieusement placé sur son courage intrinsèque, son esprit de leadership et sa capacité manifeste à forger son propre destin, résonne avec une pertinence accrue auprès des attentes des jeunes générations, avides de figures féminines aux attributs plus émancipateurs. Cette modernisation, si elle n'est pas toujours exempte de didactisme, évite néanmoins la dénaturation profonde du cœur du conte.
La performance de Gal Gadot, dans le rôle de l’affreuse marâtre, confère à cette dernière une présence magnétique et une intensité dramatique incontestable, évitant l'écueil de la simple caricature pour lui insuffler une dimension plus complexe. Néanmoins, l'œuvre n'est pas exempte de lourdeurs, notamment dans ses intermèdes musicaux. Les nouvelles chansons, d'une insipidité presque déroutante, peinent à s'ancrer dans l'esprit du spectateur, et sont nullement entêtantes, loin de la verve mélodique de l'opus originel. Quant aux dialogues, s'ils ne se révèlent pas tous d'une prégnance inoubliable, certains éclairs d'esprit parviennent à percer la pénombre, à l'instar de cette réplique savoureuse : "On l’appelle Joyeux parce qu’il est joyeux. Moi, on m’appelle Grincheux parce que je suis… incompris." Une pointe d'humour et de pathos qui démontre que, par instants, la subtilité parvient à trouver sa place dans cette entreprise ambitieuse.
Bref, cette production de 2025 n'est ni le fiasco retentissant que certains avaient prophétisé, ni le triomphe incontesté que d'autres espéraient. Il s'agit d'une œuvre hétérogène, dont les aspirations louables sont parfois contrebalancées par des exécutions moins inspirées, laissant le spectateur sur une impression mitigée, mais non dénuée d'intérêt.