Inseminoïd

À force d’écumer les productions pornos gays, les influences de Tim Kincaid ont certainement fini par déteindre sur ses intentions. En effet, le réalisateur est connu pour sa productivité dans l’industrie du divertissement pour adulte, ayant signé pas loin d’une centaines de films sous divers pseudonyme afin de sauver ce qu’il pouvait de sa réputation de cinéaste et d’hétéro. Charles Band avait sans doute vu en lui le potentiel d’un Jess Franco. Le producteur lui confia donc les clés du camion dans le cadre d’une petite production distribuée sous son label Wizard Video.


Dans cette invasion venue d’ailleurs, ou plutôt des profondeurs de New-York, les top modèles et les cougars sont déflorés par des créatures libidineuses dans les rues de la cité. Les victimes se retrouvent défigurées, souillées et plongées dans un état de profond coma. Un duo d’inspecteurs mal assortis va donc mener une enquête profondément léthargique se cantonnant à formuler des hypothèses foireuses et alambiquées ou à pianoter sur un écran d’ordinateur. Qu’est ce qui peut bien motiver une personne à violer une vieille miskine quand la ville regorge de nymphettes et filles de joies qui ne demandent que cela ?


Ces entités protéiformes sont en quête de primeur virginale afin d’engendrer de nouvelles progénitures. Comme dirait ce cher Eric Zemmour dans ses campagnes politiques : ils envahiront notre monde, non par les armes, mais bien par le ventre de nos bonnes femmes. Et à ce train-là, si rien n’est fait, nous risquons de nous retrouver rapidement en infériorité numérique avec une mouche à merde comme président [Donald Trump]… Serait-ce une manière fine et subtile d’évoquer la théorie du grand remplacement par une nouvelle race de musulman ou bien d’évoquer la criminalité et l’insécurité ambiante qui agitait la ville de New-York à l’époque ?


En réalité, Tim Kincaid n’est pas animé par les mêmes velléités politiques que son confrère Douglas Cheek (C.H.U.D.). Le réalisateur s’inscrit dans la même veine que son ami Fred Olen Ray pour le plus grand bonheur des amateurs de ce type de divertissements dépravés où les mannequins sont revêtues de leur plus simple appareil. Tout n’est que prétexte à mater des donzelles dénudés dans des positions ne souffrant d’aucune ambiguïté. Les investigations nagent dans le potage et le spectateur dans le cirage, parfois réveillé brutalement de sa torpeur quand la créature se manifeste enfin pour s’adonner à une partie de ça va, ça vient.


Que les ménagères et familles de restent néanmoins rassurés : le viol ne sera jamais que suggéré. La dernière partie devait tout de même procurer une demi protubérance au public masculin à la vision de ces esclaves sexuels batifolant dans une cavité remplie d’une substance séminale avec laquelle les actrices s’enduisent le corps. Outre les topless, le film n’est pas non plus avare en effet gore entre une progéniture affublé d’un vagin sur le visage, une explosion de tête façon Scanners, et des maquillages et effets pratique bien dégueulasses. Fortement inspirés par les trucages de La Mouche de David Cronenberg, Tim Kincaid veilla à ne pas trop dévoiler ses monstres, les cachant dans l’obscurité afin de limiter leur apparition à l’écran.


En revanche, le if du réalisateur ne plaide pas vraiment en sa faveur. S’il fallait vous en convaincre, la mise en scène ne s’embarrasse d’aucune contrainte technique de nature à ralentir le bon déroulement d’un tournage bref et succinct. En cela, ses choix d’axes et de prises de vues témoignent de sa carrière dévolue à l’industrie de la pornographie. D’ailleurs, le spectateur sera tenté de er les longues continuités dialoguées et intrigues inutiles pour regarder les actrices se dénudées dans le feu de l’action.


Les circonvolutions aboutissant à une résolution digne de science et vie junior ne devraient pas manquer de faire rire au nez de certain. Un chirurgien est soudainement frappé d’un éclair d’illumination, capable d’associer des fragments de brique rouge à un bâtiment menant directement dans l’antre fécond. À ce stade là, vous aurez bien compris que l’intérêt de Breeders réside avant tout dans la complaisance de ses séquences voyeuristes et d’effets racoleurs prompt à satisfaire les hormones des mâles en chaleur vautré sur un canapé avec 2 grammes dans le nez. Le chant du cygne de Tim Kincaid, qui à l’instar d’un Frank Henenlotter (Elmer Le Remue-Méninges) aura quand même apporté sa pierre à l’édifice du mouvement underground New-Yorkais.


Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !

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le 27 mai 2025

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Le Roy du Bis

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