A la base "Chained" est le deuxième volet d'un triptyque appelé "Stripped", n'est curieusement jamais sorti après avoir pourtant été présenté à la Mostra de Venise en 2018.
Pour en avoir vu quelques extraits ce premier opus semble détaché de la trilogie, alors que celui-ci et son alter-ego "Beloved" s'emboîtent, se complètent. Même plus que ça puisqu'ils se proposent de raconter la même histoire, l'un du point de vue de l'homme, l'autre de celui de la femme.
"Ajami", Caméra d'or à Cannes. Et ce "Chained" n'est pas loin de procurer la même sensation de choc, avec sa nervosité, son intensité, qui font de lui un truc tendu comme un string et un thriller, sa violence morale soutenue par des dialogues d'un réalisme presque insoutenable. Je m'explique : il va tellement loin, il creuse tellement profond les échanges entre les protagonistes principaux qu'à leur image on est amené à vouloir que ces discussions s'arrêtent, car comme dans la vraie vie, on souffre avec eux, presque physiquement. On peut dire que le processus d'identification tourne alors à plein régime, renforcé en cela par le choix de la mise en scène, ultra-physique et immersive.
"Chained" est un grand film à fleur de peau sur le couple, sur l'adolescence aussi, sur le grain de sable qui grippe les rouages d'une vie aux apparences trompeuses, et comme "Ajami" une œuvre politiquement énervée. Cet homme et cette femme, incarnés par deux acteurs en lévitation, se déchirent, à l'image de leur pays, Israël, en état de crise permanent.
NB : J'ai vraiment hâte que vous puissiez le voir, il devrait sortir le 15 juillet (Même si Art House pourrait une 172ème fois modifier son line-up dans les heures qui viennent), pour répondre à une question. Les floutages (Couvrez ce pénis que je ne saurais voir !) sont-il présents volontairement, auquel cas nous aurons à discuter de leur légitimité et but artistiques, ou ai-je vu une copie "censurée" ?