Une légère déception parce que ce film avait tout pour me plaire même si je sors de la séance plutôt satisfait. On y sent en effet la petite approche Sundance dont je suis friand, à savoir une photographie inspirée pour seul artifice de mise en scène et un personnage central dont on nous narre une partie de la vie. Diamant Brut filme pour l'occasion Liane, une jeune femme bien décidée à afficher aux yeux du monde connecté la beauté qu'elle façonne à grands renforts de sacrifices, qu'ils soient financiers quand il s'agit de corriger une silhouette jugée non suffisante par la force du bistouri, ou sociaux puisque cette recherche esthétique constante finit par la mettre en marge de son groupe d'amies.
Le pitch de départ aurait pu s'arrêter là et ainsi s'intéresser complètement à ce personnage dense, pour le faire évoluer tout au long du métrage. Mais en lieu et place d'une étude de caractère totale, s'invite au récit une charge critique contre la société de consommation et plus largement la notion même de réseaux sociaux, qui sont devenus en notre belle époque des années 2020s la symbolique de l'héritage des machines ayant rendu banale une déshumanisation commerciale autorisée, à savoir les émissions type Big Brother / Loft Story. En effet, impossible de ne pas avoir une pensée pour Loana en voyant Liane combattre sa mère ou les services sociaux en rêvant de monter sur tout ce qui peut devenir une scène, qu'il s'agisse d'un plateau télé ou le podium d'une boîte de nuit, pour montrer ses plus beaux atours.
Si je comprends l'envie d'en découdre d'Agathe Riedinger dont Diamant Brut est le premier film, je trouve que cette rage critique dessert quelque peu le personnage central, puisqu'il conduit à des séquences un brin clichées lors desquelles les limites de la jeune actrice qui prête ses traits à la ténébreuse Liane se font visibles : la course poursuite avec les videurs, le vlog après un tatouage revanchard, l'échange avec l'aide sociale ou encore, la séquence qui m'a semblé la plus hors piste, le strip tease devant trois débiles qui réunissent en deux minutes 600 euros pour un effeuillage privé... je comprends le parallèle avec ce que la directrice de casting avait explicitement requis comme condition à l'embauche, mais ça m'a paru peu fluide.
Bref, un premier film qui ne manque pas de panache mais ne parvient pas tout à fait à contenir la chaos qu'il tente de dompter.
Mais comment pourrait-il en être autrement, il serait bien indélicat de lui reprocher sa verve radicale. On y sent clairement une rage sincère, et c'est suffisant pour que quiconque étant intéressé par ce genre de cinéma y trouve son compte. Gageons qu'avec un peu plus de métier, l'impact saura être plus fort la prochaine fois, je serai en tout cas au rendez-vous.