Gallipoli
7.1
Gallipoli

Film de Peter Weir (1981)

Perth et fracas

Voilà un film pétri de qualités et de défauts mais dont les premières l'emportent largement sur les seconds.

Évacuons donc ce qui fâche rapidement: une trame générale un peu plan-plan (deux potes (australiens) qui s'engagent dans l'armée en 1915 et vont aller de l'insouciance la plus ensoleillée au destin le plus ombrageux) et une musique qui a tendance à défriser les poils pubiens (nous naviguons hélas d'un Jean-Michel Jarre des plus datés – alors que Maurice est encore en pleine forme !!!- jusqu'à un Albinoni majestueux mais un brin comé).

On est sur du Peter Weir en pleine période australienne donc c'est encore tout bon. Il se dégage d'ailleurs de ces films austraux une couleur et une ambiance très particulières qui font que l'on s'y sent immédiatement bien (ça m'inspire une liste, tiens).

Les trois quarts du film précèdent la guerre et c'est grâce à ce timing très "Deer-hunter-esque" que l'émotion sera si forte en fin d'histoire.
C'était en effet le pari de Weir et son scénariste que de mettre en exergue toute la dimension humaine inhérente à ce genre de moment historique, de ces batailles-boucheries absurdes qui jetèrent tant de jeunes gens inconscients, courageux ou simplement malchanceux dans la gueule mécanique béante de la bêtise et de la barbarie humaine.

Et de fait, ils sont carrément attachants ces jeunes antipodiens, en tête desquels un Mel Gibson jeune comme un élu local varois honnête, et beau comme une chanson de Nick Cave. On ne sent pas encore chez lui le fanatique transpirer dans ce personnage de jeune pragmatique embarqué malgré lui au nom de l'amitié sur les rails rouillés et maudits de la fatalité.

On ne s'ennuie jamais tant les épisodes initiatiques sont vivants et justes, à l'image de la découverte par nos bleusailles des populations locales (en Egypte) et leurs coutumes ou comme dans ces scènes de manœuvres d'entrainement d'où émanent toute la rigueur militaire qui présage le pire.

De la belle ouvrage, presque classique, prenante et poignante, qui se déguste comme un vin d'été léger au palais et fort en gorge. L'air de rien, beaucoup plus proche du grand cru du bush que de la piquette de kangourous.
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes C'est mon dernier mot, Jean-Pierre

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le 14 juil. 2012

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guyness

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