Shinji Sômai, je n'en avais jamais entendu parler avant (il est vrai que je ne suis pas un grand connaisseur du cinéma d'extrême-orient), mais même si je ne vois jamais que ce film de lui, je crois que je n'oublierai désormais ni son nom ni sa manière. Jardin d'été, réalisé en 1994 mais jamais encore diffusé en , vient juste d'être restauré et est désormais visible sur quelques uns de nos écrans. Je sors de le voir et vous invite instamment à le découvrir si ça n'est déjà fait. Comment vous le présenter ? C'est l'histoire de trois amis, trois garçons de dix, douze ans qui, durant les vacances d'été, en viennent à s'intéresser à une maison entourée d'un jardin en friche qui semble abandonnée, puis découvrent qu'un vieil homme y vit encore presque comme un reclus, presque coupé du monde. Ils se lient d'amitié avec lui et décident de retaper sa maison, défricher son jardin, lui redonner le goût de vivre et de s'intéresser à nouveau au monde, à la nature, aux autres, à une éventuelle famille qu'il aurait perdu de vue. C'est tourné en images réelles et c'est pourtant très proche d'un film d'animation, parce que, pendant tout le film, on est à mi-chemin entre la vraie vie et le conte, et dans les dernières minutes on est carrément dans le conte. C'est la rencontre de la jeunesse (pleine de vie et d'enthousiasme, les trois garçons sont remarquablement "croqués") et de la vieillesse (pleine d'expériences, de souvenirs très douloureux et d'une forme de résignation que certains nomment sagesse). C'est très joliment raconté et filmé. C'est à la fois très vivant, parfois drôle, mais aussi très délicat, très doux, émouvant. Rare, et plein de poésie.
Shinji Sômai est mort prématurément à 53 ans. Ses longs métrages (il en a fait une douzaine) sont presque inconnus en . J'essaierai pour ma part d'en voir d'autres. Je suis sorti enchanté de la vision de celui-ci.