Fascisme et bourgeoisie

Il y a tout d'abord une esthétique bourgeoise. Un lieu clos. Une villa, un jardin. Le soleil qui fige ses rayons dans les feuilles des arbres, qui les transpercent, parfois, et viennent caresser la pâle et fine peau des personnages. La famille Finzi-Contini, de la haute bourgeoisie juive de Ferrare, ne sort guère. Leur parc est un royaume fragile où ils règnent en maître, loin des classes populaires, de la saleté et du monde réel. Loin du fascisme, qui, dehors, dicte ses règles. Ce film est l'histoire d'un huis clos. Ou presque. Car il nous offre quelques embardées dans le monde réel, chaque fois plus angoissantes. La pression s'accentue sur tous ceux que le pouvoir exclut. Les juifs, en premier lieu. Tous le ressentent, sauf les Finzi-Contini, qui vivent dans leur monde, loin des autres. Parfois, ils ouvrent les portes de la demeure, alors c'est tout un pan de la jeunesse de Ferrare qui arrive, de blanc vêtu, immaculé, pour jouer une partie de tennis. Alberto est si fragile, on dirait un cristal qui pourrait se casser à tout moment. Sa sensibilité à fleur de peau contraste avec le monde extérieur, brutal. Micol, elle, est digne, plus forte. Elle a ses envies, ses ambitions. Comme une belle fleur, elle grandit, devient une femme. Ses tourments amoureux accaparent son esprit, loin de la guerre qui approche. Giorgio, lui, la sent venir. Il a peur, se révolte, mais il est impuissant. Chez les Finzi, c'est un monde à part. Les parents de Giorgio le savent bien, ils sont coupés du monde, hors du temps. Ce sera leur chute. Eux, ne sont pas plus lucides, auront le même sort. Malgré ses engagements, le régime fascite caa leur perte. De Sica filme la maison et la nature avec maestria. Les gros plans sur les personnages filment les émotions avec finesse. La sobriété du film est aussi son bémol. Sans doute un manque d'action qui conduit à quelques longueurs. Mais le tout reste extrêmement digne et maitrisé.

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le 19 juin 2024

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Elimane06

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