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« Vous m’acheter pour tuer le tueur à gages que vous avez payé pour me tuer ! »

Invitation to a Gunfighter est un petit western porté par le grand Yul Brynner, toujours aussi élégant et magnétique. Tout comme dans la vraie vie, où l’acteur aimait entourer son existence de mystère pour entretenir sa légende, son personnage ne se dévoile pas et laisse chacun à ses suppositions.

Yul Brynner incarne Jules Gaspard d'Estaing, un tueur à gages engagé par l’un des notables de la petite ville pour éliminer un homme jugé gênant. Il est élégamment vêtu de blanc et de noir, parle français et joue du clavecin. Aux yeux des habitants, il ne ressemble pas à un tueur. Il est aussi un homme basané — ce qui, dans une ville marquée par le racisme, ne facilite pas les choses. Il est décalé dans leur monde binaire.

Engagé pour tuer, il ne se plie pas mécaniquement aux ordres. Il observe, cherche à comprendre ce qui se joue, défie les uns et les autres, interroge, et se fait son propre avis sur la situation et la mission qu’on lui confie. Il est le grain de sable qui enraye la machine infernale de l’injustice ; sa présence met à nu ce qui se cache sous les apparences et révèle le chaos intérieur du lieu. Lorsqu’il se met à tout casser, que fait-il sinon rendre visible ce qui était déjà en ruine ? À ses yeux, c’est une ville « immonde ».

Un autre personnage a une importance dans l’intrigue : Matt Weaver, l’homme que Jules Gaspard d'Estaing est chargé d’éliminer. Lui aussi, à sa manière, est en décalage avec la ville. Il refuse la loi imposée par les puissants pendant qu’il était à la guerre. Il est perçu comme un rebelle, un trouble-fête dans un ordre qui veut se faire oublier.

L’histoire se situe dans une époque bien caractérisée : celle de l’après-guerre de Sécession. Les armes se sont tues, mais la paix n’est pas revenue dans les consciences. Les séquelles psychologiques sont là, les conséquences matérielles aussi. La question des anciens esclaves reste en suspens. Anciens Confédérés et Nordistes continuent de s’affronter, autrement.

Invitation to a Gunfighter est un western psychologique : peu d’action, mais une tension constante. Le rôle semble taillé sur mesure pour Yul Brynner. Un film qui pourrait décevoir les amateurs de fusillades, mais qui séduira celles et ceux qui apprécient la subtilité du jeu d’acteur et l’ambiance tendue des huis clos à ciel ouvert.

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il y a 3 jours

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abscondita

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