Qui n'a a jamais été mis sous pression, voire exaspéré, par l'afflux d'appels et de messages sur son téléphone portable ? J'ai fini par mettre le mien sous silencieux et par être très sélectif sur mes décrochés. Bon, quoiqu'il en soit, c'est le pitch de ce film : Pierre Chozène, célèbre écrivain qui ne parvient plus à se concentrer pour pondre son nouveau roman, engage un obscur mais talentueux imitateur, Baptiste Mendy et lui confie son téléphone (qui n'est pas sur silencieux et dont la sonnerie est Le freak de Chic) et des fiches sur ses s (à noter que la fiche technique du film le désigne seulement par son prénom alors que Chozène a droit à son patronyme complet, ce qui arrive encore trop souvent avec les personnes racisées, souvenons-nous de Nahel par exemple). Mais je m'égare, d'autant que le film ne peut absolument pas être taxé de racisme. Il est au contraire plein de bonnes intentions.
Ce film est une comédie légère, bien rythmée et très agréable à suivre, portée par deux acteurs (Podalydès et Cissé) très justes dans leurs rôles respectifs et qui prennent manifestement du plaisir à les jouer. Les dialogues sont souvent savoureux. Et, évidemment, Mendy va rapidement sortir de son rôle de simple répondeur et se mêler de choses qui ne le regardent mais alors pas du tout. D'où des quiproquos, des situations burlesques, le spectateur ne manquant jamais de se demander si le pot aux roses va finir par être découvert. Ce qui donne, avec cette idée originale, une comédie qui tient parfaitement en haleine.
Certains pourront tout de même lui reprocher une atmosphère très parisienne, très bobo. Ce qui est le cas : mais sans que le ton ne soit sarcastique, on sent tout de même poindre dans certaines scènes une touche d'ironie. Un poil d'autodérision qui est bienvenu et qui du coup évite l'étalage d'un parisianisme bouffi d'autosatisfaction, comme c'est souvent le cas - un exemple parmi d'autres - dans les films de Donzelli. Autre petite lacune à mes yeux : quelques longueurs. On meuble avec une chanson ou avec une musique. C'est naturellement souvent Mendy qui chante, imitant quelques grands noms de la chanson (à noter que si Cissé n'a pas été doublé là-dessus, je lui tire mon chapeau).
Mais ça reste en définitive un film agréable à visionner, qui dénonce gentiment la dépendance croissante au téléphone portable et qui, sans être véritablement un feelgood (peu de pathos), tend à mettre le spectateur en joie.