Voyage familial intérieur en Allemagne

Vincent Dieutre assume totalement la dimension hybride de sa réalisation, faisant se croiser documentaire, essai, fiction, autobiographie et expérimental. On est tout de suite projeté dans son univers et cette projection brusque aura été fatale pour moi : je n'ai absolument pas accroché à ce récit 100% en voix off assurée par un protagoniste lambda (une voix off omniprésente, lourde, envahissante, et assez vite pénible) qui retranscrit un voyage hivernal à travers l'Allemagne avec son filleul. Des torrents de commentaires dans un style frisant la caricature auteurisante pour marquer le coup de la mémoire et de la transmission. Le concept n'est pas tout à fait raté dans ses termes, faire dialoguer les générations, faire témoigner ce quadragénaire, faire revivre les fantômes du é, le tout sur les ruines d'un XXe siècle brumeux. Mais dans son exécution, je trouve que Dieutre échoue à communiquer les intentions poétiques, historiques, initiatiques. Expérience très frustrante que ce faux journal de bord calqué sur des images DV peu affriolantes, peu avare en aphorismes un peu trop sûr de leurs effets. Un peu trop solennel et élégiaque en regard du matériau observé, le voyage introspectif se résume malheureusement, à mon goût, à un soliloque un peu figé sur fond de paysages glacés et de séquences musicales (Schubert hante visiblement le réalisateur) hors-sol.