Niki
6.3
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Film de Céline Sallette (2024)

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Touchés au cœur !

L'actrice reconnue Céline Salette signe un très intéressant premier long-métrage sur le biopic de cette immense artiste qu'a été NIKI de Saint Phalle (peintre, plasticienne, graveuse et sculptrice), film présenté en sélection Un certain Regard au festival de Cannes 2024.

Astucieusement concentré sur les dix années charnières de sa vie (1952-61), de ses premières peintures à l'aube de son premier très grand succès avec les Tirs, cette tranche de vie essentielle filmée par la réalisatrice nous montre avec acuité, douleur, ion et violence le très difficile avènement à l'art de Niki sous les traits de Charlotte Le Bon.

Choisir cette actrice qui habite véritablement le rôle, semble une évidence pour la réalisatrice tant elles ont des points communs : leur ressemblance physique, leur double nationalité, le mannequinat et aussi la peinture, à laquelle Charlotte s'essaye !

De son allure frêle et de ses deux grands yeux noirs, Charlotte est tellement convaincante dans cet hôpital psychiatrique, victime d'une grave dépression par ses antécédents familiaux traumatiques qui la rattrapent, et persécutée par ses médecins. On y est profondément iratif de voir la genèse de son art, en autodidacte et seule contre tous, une catharsis dans la douleur, qui la présente torturée mais lumineuse !

Le film montre aussi avec force sa vie de femme mariée avec Harry Mathews (John Robinson), et ses deux enfants, conventions sociales dont elle va s'émanciper, non sans affliction, et aller vers son destin avec la rencontre de Jean Tinguely (Damien Bonnard), qui deviendra son deuxième mari, et avec qui elle réalisera quantité d'œuvres, sa rencontre avec l'immense Brancusi, ses échanges avec certains membres du groupe d'artiste, les Nouveaux Réalistes, auquel elle va appartenir au début des années 60.

Le scénario est bien rythmé, dans une durée maîtrisée, une gageure pour les biopics, avec une utilisation astucieuse de plans coupés et juxtaposés. Les dialogues sont vifs et efficaces, montrant difficultés et douleurs dans les relations humaines, mais aussi enthousiasme et espérance !

Ce film est une réussite quand on sait que la réalisatrice n'avait pas les droits pour montrer aucune œuvre de Niki. On le regrette d'abord, on est même frustré de ne pas voir au moins un Tir, mais au fond cela permet de se concentrer uniquement sur son personnage, la naissance de cette grande artiste et la partage de ses blessures : de cette contrainte naît un film poignant et puissant, et qui plaira sans nul doute aux amateurs de Niki de Saint Phalle. Un beau moment de culture à ne pas manquer.

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le 21 oct. 2024

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Azur-Uno

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