"Reste comme ça s'te plé, reste comme ça !" que j'me disais. On a beau se rassurer dès les premières notes musicales et détonations de coups, se dire que c'est bien "comme avant", on garde toujours la légère crainte d'une éventuelle déconvenue...
Quedalle ! C'est bien un bon vieux pote que j'ai retrouvé avec ce film, lui à qui je dois tant. Déjà parce qu'il est excellent donc qu'il m'a fait er de très bon moments jubilatoires en VHS dans ma jeunesse, ensuite parce que c'est sur cette même VHS provenant du glorieux magasine "Orient Extreme Cinema" que j'ai trouvé la porte vers un cinoche de claques-dans-la-gueule que je n'soupçonnais pas (entendre par là "voir d'autres types que Bruce Lee et Van Damme balancer leurs tatanes"). S'en sont donc suivis Drunken Master 2 et Zu : Les Guerriers de la Montagne Magique et paf. J'étais fan.
Bref. Operation Scorpio, c'est l'histoire d'un jeune étudiant rêveur qui se fait virer de son école parce qu'il dort et dessine plutôt que d'écouter son prof et se fait tabasser en prime par ses petits camarades. Il se met donc à nourrir des rêves improbables où il s'imagine devenir un héros justicier. Pour ça, il se laisse aller à prendre pour modèle une bande de culturistes difformes et à cuisiner des nouilles avec un vieux croulant. En gros. (j'imagine que je vends le film à merveille là)
Mis à part ça, Operation Scorpio, c'est surtout un film extrêmement généreux à tous les niveaux, enchaînant sans cesse des scènes de combats d'une efficacité percutante avec des séquences d'entrainement tout à fait sympathiques sur une musique vraiment excellente. C'est bien simple, aucun Rocky soulevant des charrettes dans une grange russe n'a jamais été aussi épique que Yuk Shu trifouillant ses woks, frappant son concombre géant et se tortillant pour imiter une anguille.
Les personnages sont merveilleux, Chin Kar Lok dans l'un des rares rôles qui lui font vraiment honneur, Kim Won Jin hélas presque inconnu campant un bad guy mémorable, défiant la gravité élégamment entre mouvements du vent et style du scorpion, et (surtout putain) Liu Chia Liang, vieillard faussement desséché encaissant les coups en courbant l'échine et menant d'un ton délicieusement professoral et durement affectueux son jeune élève sur la voie de la sagesse avant de se laisser aller à la grosse tabasse barbare en folie.
Oui, j'avoue, tout ici a la finesse du tank de Schwarzenegger. Le scénario est d'un classique éculé, le déroulement définitivement essoré, les personnages indéfiniment photocopiés... et bordel, c'en est sidérant de voir à quel point le film prend quand même, emportant tout du long le gars qui veut bien s'y laisser prendre dans ce tourbillon de générosité euphorique.
C'est bon, vraiment bon, c'est même beau et touchant parfois, enfilant les scènes d'un soupçon dramatique avec de la pure comédie dans certaines situations qui n'auraient pas dépareillé dans une débilité joviale de Stephen Chow (c'est dire...), à tel point qu'on pourrait aisément acc le film d'une grande indécision maladroite mais ce serait franchement dommage tant l'ensemble concourt au charme du tout et au bien être jouissif qui s'en expulse.
Car bien que d'un grand banal, ce truc n'en recèle pas moins de très bonnes idées, dont, entre les multiples techniques de corrections physiques à la chaîne, celle d'un héros s'aidant de son amour du dessin pour affronter son ennemi.
Un film de David Lai grandement mené par un Liu Chia Liang dans un rôle absolument excellent. Un de ces rares films que je considère comme des bons potes d'enfance, de ceux qui ne me déçoivent jamais. Et au delà de ça, un très bon film de baffes voltigeuses sous couvert de superbes teintes picturales dansantes. Evidemment y pas d'scénario et tout est prétexte aux chorégraphies déchaînées... mais vraiment, là, ce serait dommage de s'arrêter à ça.