Main basse sur la justice

Yalda (Massoud Bakhshi, 2020) vaut moins pour l’affrontement de deux femmes et, à travers elles, de deux classes sociales, assez caricatural et prévisible compte tenu du canevas, que pour la mise en spectacle de la justice, pratique iranienne qui n’est pas sans rappeler l’omniprésence des shows télévisés en Amérique ou en au cours desquels jurés comme spectateurs décident de la beauté, de la voix, de la survie (fictive, inhérente au divertissement) de quelques fantoches maquillés. Le long métrage propose une articulation fort intéressante entre des traditions ancestrales et des modalités de diffusion modernes, la rancœur et les aveux ne devant recourir qu’à une sincérité fardée qui écarte la violence et la spontanéité. Nous sommes dans une société des émotions fausses et de la réputation inaltérable, une réputation qui colle à la peau des personnes telle une puce électronique greffée en elles et qui empêche leur renaissance, ailleurs.


L’approche du monde de la télévision, notamment lors de la préparation initiale du show, dissèque avec une précision chirurgicale ce théâtre de marionnettes réglé comme du papier à musique : des chansons, des récitations viennent ponctuer le débat et ainsi insuffler dans le cœur des spectateurs – et dans leur esprit… – des sentiments nobles et revigorants. Dommage par conséquent que la seconde partie, voulant à tout prix dynamiser son récit par des retournements et le faire signifier par des symboles explicites, renonce à cette approche quasi documentaire et emprunte les sentiers balisés du thriller sur fond de mélodrame.

6
Écrit par

Créée

le 17 mars 2021

Critique lue 151 fois

2 j'aime

1 commentaire

Fêtons_le_cinéma

Écrit par

Critique lue 151 fois

2
1

D'autres avis sur Yalda, la nuit du pardon

Si vous voulez qu'elle vive, envoyez 1 au 30001....

Huit ans après le plutôt bon brûlot politique Une famille respectable, qui valut à son réalisateur quatre ans de procédure judiciaire en Iran, Massoud Bakhshi remet une pièce dans la machine et...

le 2 oct. 2020

10 j'aime

1

Ne perdez pas votre temps.

A moins que vous ne vouliez avoir l'impression de perdre 4h de votre vie en l'espace de deux heures. Sauf si votre ion est de voir des meufs pleurer et rien comprendre. Ou encore si vous adorez...

Par

le 1 oct. 2020

5 j'aime

Talion, le prix du sang

Quand la téléréalité vient se substituer à la justice... Après le meurtre accidentel de son mari, Maryam est condamnée à mort. Sa seule issue est Yalda, une émission de téléréalité, aberration s'il...

le 2 oct. 2020

3 j'aime

13

Du même critique

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

89 j'aime

17

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

78 j'aime

14