Ne l'oubliez pas!

C’est étrange comme un jeu peut mûrir dans l’esprit, comme un souvenir mal classé qui finit par retrouver sa place. À l’époque de sa sortie sur 3DS, Dream Drop Distance m’avait laissé partagé... j’y avais vu un jeu à potentiel, ambitieux, foutraque, frustrant et je l’avais classé dans les bons, sans plus. Mais aujourd’hui, après avoir é du temps sur le remake HD, je réalise à quel point il incarne, malgré ses maladresses, tout ce que j’aime dans un Kingdom Hearts. Voir même plus que ça, car il est peut-être devenu mon préféré de toute la licence.


Pas pour des raisons évidentes. Pas pour sa narration labyrinthique ou ses coups de théâtre tous les quarts d’heure. Pas non plus pour son système de drop qui me brisait le rythme au pire moment ce truc reste toujours aussi absurde, changer de personnage en plein boss sans avoir le choix, c’est l’anti-sens du flow. Mais malgré tout ça, il y a autre chose. Il y a cette manière bien à Nomura de glisser, sous l’apparence d’un action-RPG classique, des strates de gameplay inattendues, des idées généreuses, parfois brinquebalantes, mais pleines de cœur.


Le remake HD, en soi, ne rend pas totalement honneur à l’expérience d’origine. Tout y est plus gros, plus rigide. Les personnages prennent trop de place à l’écran, les décors paraissent étrangement vides ou bourrus, et chaque interaction contextuelle est signalée par une interface immense, criarde, qui jure violemment si vous jouez sur une télé 4K. On sent que le jeu a été pensé pour une console portable, et que cette montée en résolution n’a pas été accompagnée d’un vrai travail de réadaptation visuelle.


Et pourtant… malgré ça, j’ai adoré y replonger.


Parce qu’ici, tout fait sens dans l’accumulation. Chaque mini-jeu, chaque système secondaire semble avoir été pensé pour enrichir le cœur de jeu. Les phases de vol qui remplacent les séquences en vaisseau Gummi, par exemple, sont à la fois simples et engageantes... On y retrouve une envie de scoring, des récompenses bien senties (nouvelles Keyblades, objets rares), une vraie motivation à s’impliquer. Le jeu nous pousse à cre, à explorer chaque piste qu’il ouvre, et il sait comment nous récompenser.


Et que dire du système de Dream Eaters, ces bestioles étranges qui vous accompagnent au combat. Sur 3DS, je les avais trouvées gadgets. Mais aujourd’hui, je réalise que c’est probablement le meilleur système de compagnons de la série. Loin d’un Donald qui ne soigne jamais, ou d’un Dingo qui tape dans le vide, les créatures ici sont utiles, malléables, stratégiques. On les élève, on choisit leur rôle, on les fusionne ou on les garde vivants pour améliorer le DPS, et leur progression nous ouvre à une variété de compétences étonnante. En plus, certains combos déclenchés à leurs côtés sont franchement spectaculaires.

Alors oui, il y a encore ce côté Nintendogs qui ralentit un peu le rythme... Les caresser, les nourrir, les bichonner, c'est chiant au possible! On aurait pu s’en er. Mais bizarrement, j’ai fini par m’y attacher. Peut-être parce que ça participe à cette idée que Dream Drop Distance est un jeu qui essaie plein de choses.

Il tente, il foire parfois, mais il tente toujours quelque chose.


Côté gameplay pur, on reste sur du très solide. Le Flowmotion est une tuerie, une extension naturelle du système de KH2, mais en encore plus libre. Rebondir sur les murs, glisser à toute vitesse sur les rampes, attaquer en plein air… c’est grisant, et ça rend les combats bien plus dynamiques que dans n’importe quel autre épisode. Certes, certains ennemis restent trop résistants ou brouillons, mais dans l’ensemble, c’est un plaisir de prise en main constant.

Les niveaux sont d'ailleurs bien plus verticaux et je n'ai jamais autant apprécié me balader dans cette licence, en jumpant sur les murs pour me propulser à toute vitesse dans une autre direction.


Les mondes, eux, oscillent entre l’excellent et le fonctionnel. Le monde de Fantasia est toujours aussi sublime, The Grid a un cachet incroyable. Mais on se perd aussi parfois dans des niveaux trop carrés, trop vides, qui sentent le copier-coller ou le fantasme occidental d’un Moyen-Âge sans âme. Un brin de lassitude s’installe à mi-parcours, surtout si on joue longtemps d’affilée.

Ceci dit, ils bénéficient tous d'un certain soin et ils sont assez grand pour qu'on puisse prendre du plaisir à dénicher les quelques trésors!

Mais c’est dans le endgame que le jeu se révèle vraiment. L’optimisation de l’équipe, la recherche des meilleurs sorts, le grind intelligemment récompensé… Il y a de quoi s’immerger pendant des heures si l’on accroche aux systèmes. Je recommande même de commencer directement en difficile, cela oblige à explorer, à réfléchir à ses builds, à ne pas foncer tête baissée et ça rend les victoires bien plus gratifiantes.


Le scénario, enfin, est toujours aussi abscons. On ne va pas se mentir. Les doubles, les rêves, l’Organisation XIII… tout est en surchauffe permanente. Mais à la différence de certains autres volets, ici ça ne me dérange plus. Parce que Dream Drop Distance m’a finalement convaincu que ce chaos fait partie du charme de la série.

Puis pour un "avant KH 3" il s'en sort avec les honneurs!

En fait, ce que j’aime avec ce jeu, c’est son ambivalence... Un peu trop intense, un peu trop dispersé, des fois confus, mais sincèrement généreux. Dream Drop Distance est un vrai laboratoire, un prototype géant avec des morceaux de chef-d’œuvre dedans. Il n’est pas parfait, il ne le sera jamais, mais c’est peut-être justement pour ça qu’il est devenu mon préféré. Parce qu’il ose, parce qu’il déborde, parce qu’il me surprend encore aujourd’hui.

7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux Kingdom Hearts

Créée

hier

Critique lue 4 fois

Anthony

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Kingdom Hearts HD: Dream Drop Distance

Nomura.exe a cessé de fonctionner

Je continue mon tour des jeux KH avec cet opus 3Ds (ressorti sur Ps4) et cela sans aucune raison valable de me faire ce tort. Je n'aime pas la saga, sauf rare exception, et absolument rien ne me...

Par

le 25 avr. 2021

Du même critique

See You Space Samurai

J'ai entendu la sortie du derniers chapitre pour pouvoir enfin partager tous l'amour que je porte à cette série. Gintama, que j'ai dans un premier temps connu fin 2006 avec son adaptation animé, que...

Par

le 1 sept. 2019

15 j'aime

Le saint Okami ne m'aura pas conquit

J’ai pas tenu bien longtemps… Seulement 5h… Puis voici l’éternelle question, ais-je le droit de donner un avis car j’ai fait le choix de ne pas perdre encore 35h sur ce jeu? Je suis vraiment désolé,...

Par

le 3 juin 2020

12 j'aime

7

à vouloir chercher l'originalité et la surenchère, sans plus... On a Kill la Kill...

Difficile de parler d'une telle oeuvre, j'ai l'impression d'avoir vu le "The Expendables" du shonen. Le genre d'anime qui s'assume complètement dans son trip et qui a pour but de nous livrer le...

Par

le 5 oct. 2014

12 j'aime