Néphilim, de la suédoise Asa Swartz, nous fait suivre Nova, une jeune militante de Greepeace qui décide, à l’aide de deux de ses camarades de lutte, d’aller tagger le salon du PDG d’un gros consortium énergétique coupable, selon eux, de polluer la planète. Mais, dans l’appartement, Nova se rend compte que quelqu’un l’a précédé, massacrant ignominieusement l’homme et sa famille. S’en suit une course poursuite entre elle, la police et une mystérieuse fondation.
Par où commencer ? Car, s’il est bien une chose que je peux dire sur ce roman, c’est que je n’ai pas aimé. Pire, sa lecture fût assez rapidement davantage du ressort de la contrainte que de la distraction. Essayons de procéder dans l’ordre… Parlons des personnages : Nova est une jeune femme écologiste et gothique (le bon cliché) qui nous rabat les oreilles toutes les trois lignes sur la pollution et évalue tout en terme d’impact carbone. L’auteur aurait voulu nous faire maudire une héroïne qu’elle ne s’y serait pas pris autrement. L’inspectrice en charge de l’enquête alterne les coups de génie sans fondement (le coup de la blouse orange m’a scié de rire) et l’aveuglement quasi-totale. Le légiste-lutteur (pas cliché, mais on y croit pas une seconde) est censé être un être supérieur, mais se rend plus pathétique qu’autre chose à certains moments. Bref, des personnages au charisme de serpillières. L’intrigue ne fait guère mieux : on accumule les situations stéréotypées, téléphonées ou juste improbable : quel est l’intérêt d’aller tagger le canapé d’un PDG, mis à part lui faire des frais de lavage ? Pourquoi les Néphilim avaient fait « mourir » Elisabeth ? Comment est-ce possible que Nova puisse retourner chez elle sans aucun souci alors qu’elle est activement recherchée ? Pourquoi les Néphilim ne veulent-ils pas que l’Arche de Noé soit retrouvée, et pourquoi une si grande crainte du Déluge à venir ? Autant de questions sans réponses. Sans compter qu’un certain nombre de situations cassent le suspens : on suppose très rapidement que Nova est une Néphilim, que l’inspectrice est enceinte, et pourquoi dévoiler si vite que Moïse est un sympathisant Néphilim ? Le pompon, c’est quand même le dénouement : Moïse et Nova sont laissés en pleine scène d’action et pouf, au paragraphe suivant, Nova est chez elle, tranquille, et on n’apprend qu’à la fin que « ah oui, au fait, ben Moïse a loupé le policier à deux mètres de lui et s’est fait tirer dessus. Voilà voilà ». Et c’est sans parler du Méchant, qui ressemble à Nova comme deux gouttes d’eau, qui a fréquenté sa mère mais qu’elle met tout le bouquin à identifier comme son père. Bref, ce génie machiavélique se fait avoir comme un bleu, en attendant sa fille chez elle alors que les flics l’accompagnent. Ça doit être un trait de caractère des Néphilim : être super intelligent habituellement et se comporter comme des idiots parfois, à l’image de Moïse, le menteur le moins crédible au monde. « Je suis malade, tu peux pas garder l’enfant ! Et t’as quoi, comme maladie génétique ? Damned, je n’avais pas pensé qu’elle pourrait me poser la question. Pas grave, moi qui suis super intelligent et médecin, au lieu de lui trouver un truc horrible avec un nom barbare, je vais lui répondre la mucoviscidose, sachant que c’est assez connu comme maladie et que des articles de journaux disent qu’on la traite mieux désormais ». Et pour bien finir, un simili article du New York Times mettant en lumière les relations entre un conseiller du président Bush et son é dans l’industrie du pétrole, dans le ton virulent d’une publication Greenpeace. Mais bien sûr…
En résumé, quelques idées qui auraient pû être intéressantes, mais qui tombent vite à l’eau. On a parfois plus l’impression d’avoir entre les mains un pamphlet de Greepeace ou un guide touristique de Stockholm (genre, est-ce que c’est vraiment utile pour l’intrigue de nous révéler que la place Machin a été pavée au XVIIIe siècle ?) qu’un roman. C’est dur à dire, mais des trucs pas terribles, j’en ai lu un certain nombre : tous, ils avaient des défauts, des trucs sur lesquels on tic mais le reste e. Là, c’est vraiment pesant au possible. Depuis Millenium, le polar nordique a le vent en poupe mais ici, on touche le fond. D’où une question : à ton avis, Nova, quel est le poids carbone qui aurait été épargné si ce livre n’avait pas été édité ?