Au vu du titre, on comprend immédiatement le sujet. Mais la question qui m'est venue tout de suite est: mais pourquoi un livre, publié en 2017, sur un sujet de 1986 ?
En fait, c'est justement un des thèmes du, court livre malgré tout, livre: L'auteur a voulu vieillir avant de raconter ses ressentis. Il a voulu voir plus large, faire que cet événement prenne place sur toute une vie.
Il a vécu les manifestations contre la loi Devaquet en tant qu'étudiant, son expérience et ses perceptions sur son engagement en tant que simple étudiant quelconque composent la première partie du livre. Son envie de changer les choses, sa jeune révolte face au monde des parents, son attachement à faire avancer le monde mieux que ceux qui l'ont précédé, son jusqu'au-bouttisme, son souvenir, ses amis, ses amours sont intacts.
La seconde partie relate la violence du dérapage policier que l'on connait. C'est cru et dur, sans complaisance ni voyeurisme.
La troisième partie, très intéressante, est sa synthèse, son recul d'homme: tout a changé et rien n'a changé à la fois. L'auteur est en colère, ce moment est un moment de vie fondateur pour lui. Il a évolué et situe son parcours intérieur face à ce qu'il a vécu, appris, senti. Son écrit est à la fois son aboutissement et son questionnement.
Le récit est à la fois violent et nuancé, exercice difficile et réussi. Pas de tergiversations sans fin, pas de monologue interminable mais pas d'elipse . C'est ciselé, travaillé. Du début à la fin, il sait où il va.
Intraitable avec le racisme, l'instrumentalisation de tout bord et bien sur la violence.
Profond, beau et dur.