Ce livre a probablement une trame narrative élaborée par un pool de scénaristes (qui ont aimé Code Mercury). David Lagercrantz n'est pas au niveau qu'exige Millenium concernant les thématiques sociales/sociétales abordées dans la saga précédente. Ce biographe/mercenaire recruté pour écrire (signer ?) le livre s'est ainsi contenté d'imiter le style de l'écrivain à l'origine du concept en recyclant quantité d'éléments des précédents épisodes. La prise de risque est minimale. Il en résulte une impression de déguisement des personnages dans leurs descriptions, l'apparition de lieux communs à force de redites et la sensation désagréable que Stieg Larsson se fait manquer de respect.
Il est regrettable d'avoir cédé à l'exagération à plusieurs reprises, un exemple frappant: Stieg Larsson, soucieux de la vraisemblance du récit, faisait faire une intrusion dans le réseau informatique d'un commissariat par deux personnages, lesquels renonçaient au hacking devant la difficulté et les "pièges" tendus sur le réseau. David Lagercrantz lui, envoie Lisbeth Salander et quelques amis s'attaquer seuls à la NSA... ce n'est pas crédible.
L'emploi du lexique informatique qui parsème ici et là ces nouveaux exploits de hacking quasiment solitaires ne dissimulent pas l'imposture. Surfer sur l'actualité piratage/wikileaks/NSA/etc. en simplifiant à l'excès l'informatique est une facilité qui trahit une méconnaissance profonde du domaine et participe à nuire à la contre-culture geek plus complexe que (Linux + personnalités asociales + utilisation de tor) = Contre-pouvoir.
Plus largement, la publication de ce livre est assez honteuse compte tenu du conflit entre les ayants droit et aurait dû pousser la maison d'édition à choisir entre ne rien commander ou prendre le pari d'y aller en recrutant un vrai écrivain pour poursuivre Millenium, au risque d'en changer le style certes, mais au bénéfice de l'oeuvre et de ses lecteurs.