Les dix premiers chapitres sont extrêmement dures à suivre à cause de la forte abondance de répétitions. Il est très difficile de comprendre où veut en venir Delibes avec son histoire de récente veuve qui ne cesse de faire des reproches et de lancer des insultes à son défunt mari pour la vie commune qu'ils ont eu.
Cette oeuvre appartenant à une branche du réalisme franquiste littéraire, nous montre pourtant la parfaite image de l'Espagne en crise de la fin des années 60. Les codes et les valeurs commencent à changer et c'est finalement la confrontation de deux Espagne: l'une à l'idéologie conservatrice franquiste, l'autre à l'idéologie progressiste. Tout au long de ce monologue intérieur de 27 chapitres, on suit la vie de Carmen et de Mario, qui représente respectivement l’Espagne conservatrice et l'Espagne progressiste. Cette opposition à la fois claire et franche, classe l'oeuvre de Delibes comme l'un des meilleurs témoignages de cette époque espagnole tragique.
Au final, le lecteur arrive presque à entendre ce "tu" (Mario) auquel s’adresse Carmen, quand bien même celui-ci ne peut pas répondre comme il est mort.
Finalement, l'écriture de Delibes requiert du génie.