On apprend des choses, avec ce roman, on se révolte un peu. Fluide, sympa, intéressant, actuel, ok, ok.
Mais j'ai néanmoins un goût insipide en bouche à la fin de ma lecture, comme si, malgré tout, le roman, décrit comme "réaliste", sonnait faux. Bien sûr cette histoire de vers de terre, j'y crois, et je m'en veux de faire partie de cette catégorie de bobos qui voudrait volontiers maintenant un vermicomposteur et qui regarde les champs cultivés, quand parfois je me rend à la campagne, comme les vestiges et preuves d'un monde paysan mourant mais toujours renouvelé plutôt que, consciemment, comme l'image plastifiée d'une terre épuisée que les produits chimiques maquillent d'artificielle fertilité. Alors merci pour la piqure de rappel, pour cette allégorie vers-humains, pour une certaine précision presque picturale des enjeux de notre temps.
Pourtant, les personnages me paraissent un peu trop intenses, je ne sais pas comment dire, trop écrits, trop... Trop quelque chose. Et cette fin ! Miséricorde, pourquoi ? Hélas, que cette fin est nulle, mais nulle, je ne vois pas l'intérêt de faire dévier l'intrigue vers tant de spectaculaire. J'ai quand même l'impression qu'on m'a fait avalé un plat trop assaisonné que je n'avais pas commandé. Il y avait suffisamment de matière déjà dans les 300 premières pages pour écrire une fin qui aurait pu clôturer sobrement cet espèce de portrait-cliché de préoccupations de notre époque sans remédier à la fanfare d'une pseudo apocalypse sociétale.
Pour faire le procès écologique de notre société, il aurait pu être judicieux d'opter pour un regard plus fin en évitant par exemple le recours aux destins beaucoup trop grandiloquents et significatifs pour paraître réalistes.
On y croit au début, puis le propos se perd dans le tourbillon du sensasionnel.