Cela faisait une bonne quinzaine d’années que je n’avais pas lu de polar nordique. Je crois que mon dernier, c’était Millenium, et qu’après avoir atteint cette sorte d’apothéose, j’avais décroché. Et puis, il y a eu une telle prolifération ensuite que, peut-être inconsciemment, j’ai laissé er la vague. Bref, il y a deux ou trois ans, je tombe sur une critique de L’Enquêteur agonisant, écrite par BbYoda, et ça m’a tout simplement donné envie. J’ai alors fait ma classique : un petit cadeau intéressé pour ma chérie. Elle l’a lu, elle a aimé, et voilà : deux ans après, c’est mon tour.
Bon. En ce moment, je fais une autre de mes classiques : raconter grave ma vie en début de critique. Désolé pour ceux et celles que ça saoule. Et tant mieux pour les autres qui apprécient. On va dire que c’est comme ça que je me sens le plus à l’aise pour parler d’un livre. Parce qu’autour d’une lecture, d’une œuvre, il y a un avant. Il y a aussi souvent une histoire. Alors autant la raconter !
Pour se recentrer sur l'œuvre: j’aime à dire que les polars sont toujours construits autour des mêmes ingrédients. Un inspecteur — rarement une inspectrice —, torturé. Il est soit alcoolique, soit dépressif, soit il a vécu un deuil important, soit… Il y a toujours quelque chose. Toujours un souci.
Et là, bingo. Qu’est-ce que c’est ? Bam ! Il fait un AVC. Dès le début du livre. Et ça, on ne peut pas l’enlever au roman : c’est peu courant. Et tout ce qui suit est aussi assez rafraîchissant : une enquête sur un cold case… en direct d’un lit d’hôpital. On a beau dire, ici la recette classique a été pas mal pimpée !
Si j’ai pu trouver que le chapitrage — assez court, et parfois inutile — saccadait un peu le récit, celui-ci se tient pourtant parfaitement. On se laisse facilement transporter entre deux époques : la présente et celle du meurtre, 25 ans plus tôt. La narration fonctionne bien, avec ce retour dans l’enquête ée qui reste fluide sans tomber dans le “live action”.
Un autre truc que j’ai aimé : suivre un enquêteur à la retraite qui se remet d’un AVC. En plus de ne pas être courant, ça nous met dans la peau d’un homme malade, et sa remise en forme tient une place importante dans le récit. Ça donne à l’ensemble un vrai côté humain.
Par contre, certains personnages sont juste too much. L’aide-soignante (toute mimi) à domicile, qui pense à tout et aide même à l’enquête, l’air de rien. Ou l’ancienne flic (canon celle-là), qui sort un souvenir vieux de 20 ans avec la précision d’un drone : elle décrit une villa dans ses moindres recoins. 0,5 crédibilité. Encore mieux : ce moment où Matilda, l’aide-soignante, devient l’adte de notre inspecteur et arrive à dresser une bio assez détaillée de personnages de l’intrigue… après des recherches sur les internets. Ok.
Au fil des pages, j’ai été de moins en moins intéressé par ma lecture, attendant presque avec impatience le dénouement final. La faute au manque de profondeur des personnages et de leurs interactions, aux ficelles parfois grotesques du scénario, ou encore à des dialogues qui sonnent assez faux. Et puis Lars Johansson, notre enquêteur agonisant… je n’ai au final ressenti aucune sympathie pour ce personnage trop “ancienne génération” pour moi. Figure d’un paternalisme macho inconscient qui ne m’attire pas. Ce n’est pas omniprésent, ça ne transpire pas, mais on le sent tout de même : cette façon paternaliste, voire condescendante de considérer les femmes. Lourd.
Bref. Tout ça mis bout à bout, on pourrait croire que je n’ai pas aimé le livre. Et bien on n’est pas loin de la vérité. Même si l’intrigue policière est solide, assez singulière, avec un dénouement efficace, les éléments précités viennent impacter la qualité de l’ensemble.
Bon, c’est pas bien grave. Mon prochain policier sera d’un autre niveau, j’en suis sûr. Et ce sera sûrement une histoire de retrouvailles avec Whitaker, l’auteur de Duchess et Toutes les nuances de la nuit. Un deuxième rendez-vous qui me permettra de savoir si lui et moi, c’est une histoire qui roule… ou s’il faudra qu’on se dise adieu 🤗