Le printemps arrive et amène du même coup les tenues plus légères qui ent littéralement au radar de l'oeil masculin. Il fait plus chaud, tout le monde sort de sa tanière pour en profiter. Mais pas seulement l'humain, les bestioles aussi et en grand nombre. Assis bien confortablement sur mon divan, j'aperçois justement une de ces enfoiré de fourmi. Et alors que je m'apprête à lui defoncer la gueule à grand coup de boîtier de dvd, je perçois un étrange son venant du plancher. J'ai la berlue. Elle me parle !!!
- Et toi, oui toi, l'ogre, pourquoi tu cherches à me démonter la gueule ?
- D'abord, comment tu fais pour me parler ? J'hallucine ?
- On s'entend que je ne parle pas réellement. Je dirais que je m'adresse à toi plutôt. Ce sont mes mandibules qui ont créé une connexion avec toi. Comme tu es un sensitif, j'ai pris une chance et ça fonctionne. Alors pourquoi me faire ma fête ?
- Bah, c'est mon territoire. Je paye pour ce logement en travaillant fort. A toi de trouver ton territoire personnel. Sinon, on appelle ça une invasion.
- Tu travailles fort?!? 40 heures semaine et le reste du temps sur ton cul. Perso, je trimballe plusieurs fois mon poids de nourriture pour madame la reine qui se la pète dans son bunker. Couve, accouche, et c'est qui le clown qui doit encore travailler pour nourrir la couvée ? Sans parler que je ne fais que des siestes. Toi, tu as 8 heures de sommeil. Moi, à peine 4.
- D'accord, mais ça demeure mon territoire.
- Vous les humains avez décidé que la terre vous appartenait. Vous coupez les forêts sans vous soucier que ce boisé là était la maison des animaux qui y vivent. Vous traversez cette forêt avec des routes qui diminuent encore plus notre territoire. Vous bâtissez des maisons, immeubles comme si la planète vous était dûe. Pourtant, nous, les fourmis, étions là bien avant vous et on va le demeurer bien après...
- Et selon toi, que dois-je faire ?
- Si l'humain pouvait se servir de sa tête comme il prétend être le seul doté d'intelligence, il y aurait de la place pour tous. Nous dans nos terriers, vous sur vos terres, les autres dans leurs habitats naturels. Il est trop tard maintenant.
- Veux tu que je te porte à l'extérieur petite ?
- S'il te plait. Avec un bout de pain si possible. Tu sais, vous allez vous éteindre aussi. Ce n'est qu'à ce moment que le partage équitable de la planète pourra se refaire...
- Merci de ta sagesse petite fourmi. Je vous verrai différemment à l'avenir.
J'ai dû prendre la route après ma conversation et je fus frappé par la ressemblance inconnue jusqu'ici avec nos minuscules amies. Prit dans un bouchon monstre, suivant l'autre collé à son cul pour atteindre un but commun. Travailler pour nourrir une machine gouvernementale qui se cache derrière des portes closes telle la reine dans son bunker. A peine capable de me vêtir, je donne pourtant la majorité de mon temps à un employeur qui peut me remplacer en un éclair. C'est avec respect que je me souviendrai de ma petite amie...
Bernard Werber, c'est un peu tout ça à la fois. S'imaginer un monde impliquant une autre entité ( abeilles, chats, fourmis, anges, extraterrestres...) et le faire vivre sur papier. Bien que je n'aie pas son talent, je voulais tenter l'exercice. Je pourrais le conseiller à tout le monde ce livre, malheureusement, il y a de moins en moins de lecteur qui prennent le temps de se plonger dans une aventure ludique autant que divertissante autant qu'educative. J'ai moi-même écrit certains textes, voire des essais littéraires sous forme de roman. Pourtant, même mes proches les plus proches n'y ont pas prêté attention. Possible que ce soit de la merde à leurs yeux. Je me trouvais néanmoins très brillant lorsque je l'écrivais , entremêlant psychologie, développement, philosophie et sciences de toutes sortes. Hélas, personne n'y a cru réellement.
Une trilogie peut paraître énorme pour le lecteur. Toutefois, l'auteur a tellement bien tricoté le scénario qu'en l'espace d'un instant, l'aventure est terminée. On en ressort instruit face à un monde qui grouille de vie mais pratiquement invisible a nos yeux. Et au bout de la course , lorsqu'on s'apprête à écraser l'insecte, on y repense par deux fois et on se surprend alors à laisser monter la fourmi sur notre main pour la reconduire à l'extérieur. Et ce, avec un certain respect pour tout ce qui nous entoure. Pas juste l'humain qui a prit possession de la terre comme si elle était à lui. Alors qu'il n'en est, en réalité, que le parasite ...
P.S: La fourmi ne vit jamais pour elle seule. Elle agit toujours pour le bien de la colonie. Parfois, on devrait en prendre exemple...