Il s’agit d’un « récit intime » (c’est écrit sur la page de titre) de Michel Onfray qui aborde la question du deuil, de la maladie et en particulier son AVC. Il y parle du cancer et de la mort de sa compagne. Pour finir sur une réflexion à propos de la brièveté de la vie (sans Sénèque). Ça c’est le côté neutre de la présentation du livre.
Mais en réalité la lecture de ce livre laisse une impression amère. Car Michel Onfray y règle des comptes : avec les médecins qui n’ont pas su diagnostiquer son AVC (et c’est vrai que ça pose question) ; avec ses amis qui se sont révélés, pour beaucoup, de faux amis, voire même des "moins que rien" au moment de sa maladie et au moment de la disparition de sa compagne. Et Michel Onfray de se lancer dans un tri plein de ressentiment (cet état d’âme qu’il a, par le é, tant dénoncé en chantant les louanges de Nietzsche !) :
« Il y a ceux que l’on attend et qui sont là : les vrais amis ; ceux que l’on attend et qui ne sont pas là : les vrais faux amis ; ceux que l’on n’attend pas et qui ne sont pas là : les vrais ennemis ; et ceux que l’on n’attend pas et qui sont là : les vrais ennemis qui, anciens amis, voudraient redevenir amis. »
Et tout le monde y e : l’ancien éditeur, le neurologue, l’ophtalmo, SOS médecins (« Les Diafoirus » comme il les appelle), et puis tous ceux qui l’ont offensé (sic), ceux qu’il nomme « les laborieux du devoir, les tâcherons de la vertu », etc.
Michel Onfray fait toute une liste, et pendant plusieurs pages, de personnes qu’il dénonce tel un juge suprême. Ça sent le ressentiment, l’amertume, le dépit. Son livre se transforme en instrument de représailles et le fiel n’est pas loin. Ce n’est pas seulement les repères dans son appartement que Michel Onfray a perdus, suite à son AVC, ce sont aussi ceux de sa propre philosophie.
Le chapitre consacré à sa compagne disparue est une parenthèse, douloureuse et touchante, dans ce livre où Michel Onfray expose son désespoir (même s’il en profite encore pour régler des comptes avec d’ex-amis et même avec le patron du club équestre d’Argentan ! [OK Corral ♪♫♪] ). Le deuil agit sur son corps qui se transforme ; « Je prends alors 15 kilos… C’est le poids du chagrin, le poids de la peine, le poids de la souf, le poids du deuil. » Un poids qu’il cherche à perdre.
Mais jusqu’à la dernière phrase Michel Onfray s’obstine dans la rancœur : ainsi, ayant perdu une partie de son champs visuel, il écrit : « Ces quelques dernières lignes sont offertes aux médecins qui, tous, m’avaient prédit la récupération… » Dernier uppercut… Le monde d’Onfray est un monde où tout le monde est contre lui, comme si lui était au centre du ring.
C’est aussi le poids de son ego que Michel Onfray devrait essayer de perdre.