Taxidermie manquée

Déjà après trois pages la lecture devient assez inable : l'auteur ne sait-il pas composer de phrases complexes ? Une quasi succession de phrases nominales empêche tout épanouissement de style en plus d'inciter à la lecture en diagonale. C'est d'autant plus fâcheux qu'il s'agit là d'un roman polyphonique, les points de vue changeant en même temps que les chapitres ; or, l'écriture, elle, ne varie pas en fonction des personnages, conservant sa platitude — qui se voudrait nervosité — tout du long. Heureusement, l'histoire est, à son début en tout cas, intrigante, rappelant à l'esprit de certains la chasse à l'homme telle qu'elle est préparée et menée par Van Pelt dans Jumanji. Il y a même quelques ages émouvants, notamment la rencontre entre Madame et Max, et les pleurs de ce dernier « en découvrant Schubert ». La tension créée dans la première moitié du livre retombe toutefois absurdement lorsque la partie de chasse est abandonnée au profit d'histoires d'amour peu ionnantes car peu ionnelles, refroidissant le lecteur qui attendait que le sang coule. Renoncer en cours de roman à l'épisode qui était la clé de voûte du récit pour produire à la place de superficielles réflexions sur la nature humaine et les traumatismes rend nulle la cohérence de l'ensemble. Quitte à mettre en place un scénario délirant, autant aller jusqu'au bout.