Mars
7.8
Mars

livre de Fritz Zorn (1975)

L'éducation de la Mort.

Au départ, j'ai été franchement très emballée par ce livre.
Un rythme d'écriture un peu fiévreux, mais qui se laisse aller à des phrases plus longues.
Un humour corrosif.
Un regard sur la famille (parfaite) et les traumas de l'éducation, qui est terriblement juste, original, dur et cynique.
Une dénonciation du jeu des relations humaines, des faux-semblants, du mimétisme. De la difficulté de s'intégrer.
Une approche de la maladie intéressante, intrigante, comme originellement dû au é, aux traumas. Un cancer psycho-somatique en somme.
De trop de perfection en apparence, ça gangrène à l'intérieur, la pourriture que l'on n'exprime pas.

Et puis... je ne sais pas à partir de quelle partie exactement, mais le narrateur se met à ne parler plus que de sa maladie, de l'évolution, de son analyse de celle-ci.
Des réflexions intéressantes, c'est certain. Mais... je n'apprécie pas trop les lamentations, la mise à nue rabâchée d'un mal, et sans rien faire d'autre que focaliser dessus.
Ce type nous annonçait toutes les raisons du monde pour une explosion, un agissement. Il dénonce la ivité, l'inconscience, mais lorsqu'il a ce choc provoquée par la maladie, la prise de conscience du monde, des erreurs, il n'agit pas plus. Il tourne en rond autour de ses symptômes. Il tourne en rond, beaucoup. Trop à mon goût.

Je ne dis pas que le style devient chiant, que ce décorticage de la maladie, de l'état mental du malade, est incohérent ou inintéressant, mais il n'est pas fait pour moi. J'attendais une explosion. J'attendais quelque chose de dévastateur. Je m'attendais vraiment à ce que le narrateur agisse, pour une fois.
Mais il reste enfermé dans ce que ses parents ont fait de lui, ce qui a changé : il en a conscience. Il ne fait rien pour changer. Ce qui est pire.

Ce livre commence acerbe, vivant, avec l'impression que le narrateur veut bousculer les choses, hurler. Puis se finit dans les lamentations analytiques.
C'est triste, plombant, difficile à lire tant ça peut te ruiner une journée grise.
C'est très fin, intelligent, et ouvre la réflexion.

Pas complètement convaincue, mais c'est dû à ma façon de voir les choses, d'aborder la vie, la mort, la maladie. Ce livre est très bon, sinon.
8
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le 23 févr. 2014

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Queenie

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