Avec Protocole Chaos, J.R. dos Santos frappe fort et m'a plongée dans une fiction glaçante… qui n’en est presque plus une. Tout commence par une scène d’horreur à Christchurch, diffusée en direct sur Facebook Live. Le coupable ? À la surprise générale, ce n’est pas un fanatique ordinaire, mais Tomás Noronha, célèbre cryptologue portugais, pris dans un piège implacable. Dès les premières pages, on est happé.
Ce roman ambitieux explore la manipulation des masses via les réseaux sociaux, les ingérences russes dans les démocraties occidentales et l’émergence d’un nouvel ordre mondial. Il entremêle trois récits : celui de Tomás, piégé par les services russes ; de Dimitri, policier russe devenu agent du FSB ; et de Leroy, ouvrier américain broyé par le système et happé par les théories complotistes. Ce trio m’a fasciné, tant leurs trajectoires, très humaines, illustrent à quel point la manipulation peut être insidieuse.
Ce roman m’a fait réfléchir. L’auteur démonte le fonctionnement des réseaux sociaux, les logiques d’algorithmes qui enferment chacun dans une bulle de croyances, amplifiant peurs et colères. Les parallèles avec la réalité sont troublants : élections biaisées, complotisme galopant, radicalisation... Tout y est. Dos Santos, en bon journaliste, s’appuie sur des faits réels qu’il intègre avec brio dans sa fiction.
Certes, les 640 pages peuvent sembler imposantes, et certaines explications ralentissent un peu le rythme. La richesse du propos et l’intelligence de la construction font mouche et contrebalancent l'attachement étonnant de Noronha à une Maria Flor toujours aussi exaspérante. Les chapitres sont courts, haletants. Fiction et réalité se mêlent avec une efficacité redoutable. Plus qu’un simple thriller, Protocole Chaos m’a semblé être un avertissement. Un cri lucide sur notre époque, sur la vérité, l’information, et les dangers que nous choisissons d’ignorer. Bonne lecture !
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