Une femme vue par sa fille

Décidément, j'adore cette femme ! Pas celle du roman, la mère de l'auteur, dont cette dernière brosse un portrait à travers une vie de femme au XXème siècle, avec ses aléas, ses petites joies, ses malheurs, la complexité d'un caractère bien trempé, puis le vieillissement, l'installation dans la dépendance, et la perte, enfin, cette perte qu'Annie Ernaux avait déjà évoquée dans La Place pour son père.
Ici, le propos est moins ému et poétique, disons que l'on ressent toute la complexité d'une relation mère-fille : complicité, similitudes et incompatibilités fondamentales, agacements que l'on ne ressent pas à l'égard d'un père...
J'aime cette femme, donc, Annie Ernaux, qui dans ses romans nous plonge dans une réaliste des années 50 à aujourd'hui, une vraie vie de vrais gens sans pathos pour autant. J'aime aussi sa façon de dévoiler des sentiments d'une extrême profondeur avec une pudeur incroyable. J'aime son regard sur le temps qui e, sur les vieux, les jeunes, la perte de ceux qu'on aime.
En lisant Annie Ernaux, j'ai l'impression de regarder, sur une longue table en chêne, un magnifique bouquet de fleurs de printemps qui traverse les saisons...