Tout commence par un début de soirée tranquille avec mon copain d'origine américaine. Nous nous lovons l'un contre l'autre, tendrement.
"Ca te dérange pas si on fume un t ?
- Non t'inquiète, on peut regarder quelque chose en même temps si tu veux. Tu as une idée ?
- Tu connais Rupaul's Drag Race ?
- Euh, non...
- Oooooh... il faut absolument que je te montre ça !"
Je ne suis pas un habitué des shows de compétitions qu'on trouve en comme Top - Chef ou dans ce genre-là. Ma colocataire regardait Face - Off, une télé-réalité américaine de compétition plongée dans l'univers du maquillage de cinéma. Sans avoir été véritablement ionné par le sujet, je dois avouer que l'aspect créatif et imaginatif des épreuves et des compositions des challengers restaient impressionnant. Mais là...
Le pitch déjà : un télé-réalité de compétition américaine pour découvrir, après nombres d'épreuves éliminatoires, qui sera la star des Drag Queens. En gros, une compétition pour élire l'homme qui se déguise le mieux en femme. Mais pourtant, la chose est beaucoup complexe et intéressante qu'elle n'y paraît.
Déjà pour l'approche du monde Drag Queen. On peut parler de transformation, mais pas de transformisme. Il faut voir le talent avec lesquels ces hommes, pour la plupart déjà très féminins, se métamorphosent en créature flamboyante sur des talons aiguilles que même ta soeur aurait peur de porter ! Se sont de véritables as du maquillage, de la couture, de l'ingéniosité et de la récupération textile qui font er les ourlets de ton pantalon cousus par grand-mère complètement obsolètes !
Pour le show évidemment ! Rupaul's Drag Race est avant tout un objet de divertissement pour un public ciblé qui sont les homosexuels (mais pas tant que ça au final !), l'émission étant d'ailleurs diffusée sur Logo TV, la chaîne gay du câble américain. Aux côtés de Rupaul, icône de la culture Drag, créateur et présentateur de l'émission, se trouve d'autres célébrités américaines de la communauté gay, de la télévision, du monde de la nuit ou de la mode, dont certains en partie connu du public français, qui font partis des membres du jury de la compétition.
En plus de ça, ajoutons l'élément "queen" de l'émission. En effet, la télé-réalité vient toujours avec son lot de petits scandales, de bagarres et mesquineries entre challengers, ses crises de larmes et ses amitiés fortes. Imaginez maintenant toutes ces intrigues avec une dizaine de Divas (avec un grand D !) dans un seul et même lieu, le workshop où ils(/elles !) confectionnent leurs costumes. Les joutes verbales sont les plus incisives que j'ai jamais entendues ! Je n'ai jamais ris à autant de double-sens ! Et les coups de regards sont des plus dramatiques à souhaits !
Mais il y a aussi u autre chose, un je-ne-sais-quoi de plus touchant, plus sensible, peut-être même de plus troublant... Je tiens vraiment à m'écarter d'un débat sur une question de genre. Mais quand je vois ces compétiteurs arriver sur la scène à la fin de l'épisode, je suis juste ébahis par les transformations effectuées, mais aussi par les personnages que les drags se construisent, fondant totalement leur personnalité sur la femme extraordinaire qu'ils incarnent : la voix, l'allure, les gestes... C'est 100 fois mieux que l'Actors Studio.
Ces hommes, qui se désignent tous au féminin, se plongent entièrement dans leur art, dans leur performance, car c'est véritablement leur exutoire, leur unique moyen d'épanouissement, quand Aaron, Chad, Dustin, David, Timothy et Benjamin deviennent Nina, Raven, Pandora, Raja, Latrice, Phi Phi ou Roxxxy.
Une émission de qualité, ayant gagnée plusieurs prix et avec une audition croissante. Mais surtout une véritable expérience humaine, un show démesuré , 40 minutes de pur drame et rebondissement.
"And now, may the best woman win !"