Grand fan des séries hospitalières – même si je détourne le regard quand l’image devient trop réaliste – j’ai adoré the Pitt. Il y a d’abord le choix du réalisateur de caler la série sur 24h (oui comme 24h Chrono !) ce qui génère un suspens sans faille et un sentiment d’urgence qui vous prend à la gorge. Les épisodes, celui en particulier où le centre hospitalier accueille les victimes d’une tuerie de masse, sont haletants, virtuoses et définitivement du grand art. La camera virevolte, prend le temps de saisir en plans d’ensemble la détresse du service mais aussi de s’attarder sur des cas particuliers riches d’émotions. Ce va et vient continu entre l’organisation globale de l’unité et le soin apporté à chaque patient ne nuit pas au rythme infernal de cette série. On est tour à tour empathiques, séduits, haletants, révoltés, soulagés et bien sûr avides de connaitre le destin de chaque victime comme d’ailleurs de tous ceux qui seront is dans cette folle journée.
Si mise en scène et montage apportent beaucoup au caractère addictif de la série il faut mentionner aussi la performance des acteurs. Parfaits dans leur rôle ils parviennent à rendre crédibles leur vécu ce qui, dans un format souvent adepte des stéréotypes, relève d’un sacré challenge. Bien sûr le médecin ambitieux, le grand mandarin chirurgien, le chef de service dévoué, la jeune débutante, l’ex-fermier volontaire et d’autres, chaque personnage obéit à un cahier des charges strict mais chacun parvient à insuffler un peu d’humanité à son personnage dans cet enfer sur vitaminé. Mention spéciale à Noah Wyle à la fois touchant, fragile et intraitable chef de service.
Que dire aussi du contexte ? Pénurie de ressources, de personnel, de temps. On retrouve sans surprise ce qu' Hippocrate, Respira et autres feuilletons nous crient au visage. La vie humaine n’a pas de prix mais l’arsenal de soins par contre … A noter que la série ne s’exonère pas de traiter quelques conflits brulants comme l’avortement, la désinformation véhiculée par les réseaux sociaux, les mères porteuses, l’homosexualité et autres points de clivages actuels qui secouent la société américaine. Certain y verrons l’emprise du wokisme, d’autres le constat qu’un service d’urgences, quand la maladie frappe, accueille toutes les croyances, opinions et cultures .
Si vous n’avez jamais vu de série hospitalière avant foncez, si vous en avez vu foncez, si vous hésitez alors foncez ! On est très loin de l’univers du docteur House mais ce regard sans illusions sur un condensé de l’espèce humaine mérite le détour.