Un curieux carrefour

2.8: Final Chapter Prologue… Rien que le titre, on dirait une énigme à lui tout seul. Un mélange de mots semi-mystérieux et aléatoire tiré du chapeau de Square Enix, comme si le jeu savait déjà qu’il allait brouiller les pistes, confondre les timelines et frustrer les complétionnistes.

Juste avec ce titre, j'ai déjà envi qu'on lui enlève 5 points sur toutes les notes possibles qu'on pourrait lui attribuer, tellement que j'ai trouvé ça absurdement compliqué

Et pourtant… j’étais là, comme beaucoup d'autres, à attendre ce patchwork étrange qui, pour moi, reste l'un des projets les plus confus et maladroits de la licence.

Et pourtant, je ne l'ai pas détesté.

Il faut dire qu’on y trouve un peu de tout.

D’abord le plus marquant : 0.2: Birth by Sleep. Une démo déguisée, soyons honnêtes. Belle, ambitieuse, avec un gameplay très agréable, et la promesse qu’on allait enfin er à la génération PS4 avec du lourd. Ce petit bout d’histoire centré sur Aqua, je l’ai vraiment apprécié. C’était court, mais intense. On y sentait une maîtrise bien plus moderne, une ambiance sombre à souhait, et ce personnage d’Aqua, que j’ai toujours trouvé sous-exploité, prenait enfin la lumière.

J’en garde un excellent souvenir, même si le contenu était clairement trop maigre pour être vendu seul à ce prix-là.

Ensuite, on a le film χ Back Cover. Visuellement, ok, c’est très propre.

Mais ça reste une cinématique d’une heure sur des personnages qui, à ce stade, n’avaient pour moi ni chair ni profondeur. Des capuches qui parlent entre elles d’un conflit un poil obscure, qui part dans des extrémités pour pas grand chose.

J’ai fini par apprécier ces figures mystérieuses plus tard, quand les pièces ont commencé à se connecter dans Union Cross ou KH3, mais à ce moment-là, j’avais juste l’impression d’assister à un teasing mal déguisé.

Et puis, il y a Dream Drop Distance HD. Un portage honnête, mais qui n’a pas effacé mes réserves sur le jeu d’origine. Les mondes Disney sont parfois vides, les combats trop flottants, et l’idée de switcher entre Sora et Riku toutes les 20 minutes m’a plus frustré qu’enthousiasmé. Mais ça restait dynamique, avec un certain panache dans les déplacements, et je comprends pourquoi certains l’ont tant aimé.

C'est quand même dommage, d'avoir conservé ce HUD et c'est feed back visuelles énormissimes. Utiles à un jeu DS, mais agressif, pour tous les autres utiliseurs!

Ce 2.8 au final, c’est un étrange carrefour. C’est une boîte à outils, un préambule fourre-tout pour préparer le terrain avant Kingdom Hearts III. C’est le genre de compilation qui ne s’adresse qu’aux fans hardcore, à ceux qui ont déjà suivi les lignes temporelles tordues de la série sans trop broncher. Pour les autres, c’est un ovni incompréhensible, vendu au prix fort, avec peu de vrai contenu inédit.

Mais moi ? Moi je suis tombé dans le piège comme beaucoup. J’étais curieux, j’avais envie de renouer avec cet univers, et ce 0.2 m’a suffisamment séduit pour justifier l’achat et me replongé dans ces jeux, qui ne m'avaient pas déplus, sans être exceptionnels.

Alors non, ce n’est pas une grande réussite. C’est même probablement l’un des projets les plus “opportunistes” de la saga. Mais dans ce chaos narratif, dans ce patchwork de contenus recyclés ou inachevés, j’y ai quand même trouvé mon petit plaisir. Le genre de plaisir coupable, fait de nostalgie, de curiosité et d’un amour jamais totalement rationnel pour cet univers improbable.