Le réalisme par la redondance
Je ne ferais pas ici un résumé du livre. D'abord parce que j'ai la flemme, ensuite parce que Diothyme en a fait un très bon en première partie de sa critique.
On me parle souvent de se livre en se souvenant de l'ennuie terrible qu'a sucité les nombreuses répétitions. C'est vrai, le personnage principal ne fait que répéter, encore et encore, des ages de sa vie, c'est vrai, cela peut être lassant. Mais, personnellement, j'ai trouvé ça tout à fait réaliste. Lorsque l'on se lamente de quelque chose, est-ce qu'on a des phrases toutes faites et totalement impersonnelles du genre "il est mort, quelle tristesse, aaah je suis triste!" ? Non. On se répète des phrases encore et encore, les mêmes sujets nous reviennent les uns après les autres à l'esprit, s'évaporent plus on y pense pour mieux revenir plus tard.
En outre, loin de tourner en rond, ce style de narration mène clairement l'auteur quelque part. Plus le personnage parle, plus on visualise le visage de Mario, son défunt époux.
Finalement, c'est très bien joué: comment donner une image forte, vraiment forte, de la vie de quelqu'un? Pas en jettant en l'air une description aussi détaillée soit-elle. Pour connaitre quelqu'un, il fauit l'avoir fréquenté, pour le connaitre à ce point, il faut l'avoir vécu au quotidien. Comment retranscrire ça dans un livre? Le soliloque de cette veuve retrace parfaitement son point de vue du personnage, tout en laissant transparaitre ce qu'il a réellement été: un héros face au franquisme, incompris par sa femme jusque dans sa mort.
Ce livre ne s'adresse certainement pas à ceux qui cherchent un divertissement dans leur lecture. C'est plutôt une plongée dans cette période très sombre de l'Espagne, une plongée au coeur de la mort d'un homme et de la manipulation des esprits qui résulte des dictatures. Aussi intéressant historiquement que d'un point de vue littéraire.